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ÉVALUATION DES COÛTS POUR LES FAMILLES ET MESURES D’ACCOMPAGNEMENT DANS L’INTÉGRATION NUMÉRIQUE

M. Di Mattia – La Ligue des familles a récemment consacré une étude à l’utilisation des outils numériques à l’école, et notamment sur les coûts liés à l’intégration du numérique dans le milieu scolaire. Les résultats indiquent que ces coûts seraient en nette augmentation, ce qui n’a rien d’étonnant, eu égard à la crise sanitaire et aux ajustements du décret du 14 mars 2019 visant à renforcer la gratuité d’accès à l’enseignement.


L’étude révèle que de plus en plus d’élèves, soit 40 % dans l’enseignement primaire et 90 % dans l’enseignement secondaire, ont besoin d’ordinateurs et de dispositifs numériques pour leurs travaux scolaires. Cependant, l’étude ne dit pas que chaque élève a besoin d’un ordinateur. Mais cette utilisation numérique implique des dépenses importantes pour les familles, avec un coût médian de 560 euros pour des éléments tels que l’ordinateur, la connexion internet, l’imprimante et les logiciels.


Le gouvernement a instauré des aides importantes – notamment une subvention de 150 euros pour l’achat d’un ordinateur et le fonds de solidarité pour les familles vulnérables –, mais l’étude indique que ces aides restent sous-utilisées en raison de certaines conditions imposées aux écoles et aux fournisseurs.


La Ligue des familles propose dès lors une réorientation significative des budgets alloués au numérique à l’école. Les auteurs suggèrent, entre autres, la mise à disposition d’ordinateurs en prêt pour les élèves de première année secondaire ayant besoin d’un ordinateur pour leurs études. Étant donné que la provision budgétaire actuelle de 15 millions d’euros semble sous-exploitée, la majeure partie des fonds pourrait être réorientée.


Monsieur le Ministre, quel regard portez-vous sur l’étude de la Ligue des familles sur les coûts croissants liés à l’intégration du numérique à l’école? Comment évaluez-vous l’efficacité des aides gouvernementales visant à soutenir les familles dans l’acquisition de matériel numérique scolaire? Confirmez-vous la sous-utilisation de ces moyens? Dans l’affirmative, quelles mesures complémentaires comptez-vous prendre pour en encourager une utilisation plus étendue des aides et en faciliter l’accès aux familles?


Quelle est votre appréciation des propositions de réorientation avancées par les auteurs pour répondre aux besoins scolaires? De manière plus générale, votre gouvernement envisage-t-il de réévaluer l’allocation budgétaire destinée à l’intégration du numérique à l’école et d’explorer de nouvelles approches pour garantir un accès équitable aux ressources numériques nécessaires aux élèves?


M. Daerden – Le gouvernement a adopté la Stratégie numérique pour l’éducation le 10 octobre 2018, sur la proposition de la ministre de l’Éducation, afin de répondre aux défis de la transition numérique. C’était il y a déjà un moment. Cette stratégie présente une vision globale, systémique et structurelle de la transition numérique en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elle est composée d’initiatives concrètes, agencées selon une mise en œuvre progressive, accélérée par les actions adoptées par le gouvernement durant la crise de la Covid-19.


Cette stratégie a été développée autour de cinq axes d’actions complémentaires interdépendants, que vous connaissez et que je ne citerai donc pas, Monsieur le Député. Son objectif est que toutes les écoles et directions d’écoles, tous les enseignants et élèves disposent, progressivement, d’un équipement numérique minimal de qualité, auquel vient s’ajouter un équipement complémentaire destiné aux écoles en fonction de leurs projets pédagogiques. Le déploiement d’ordinateurs portables destinés au personnel de direction vise à soutenir les tâches administratives, pédagogiques et relationnelles qui leur incombent. Depuis 2019, une indemnité de 100 euros par an est versée en décembre aux membres des équipes éducatives. De plus, le dispositif «Mes outils numériques» a été adopté en concertation avec le ministre-président et la ministre de l’Éducation afin de soutenir les élèves de l’enseignement secondaire dans l’acquisition de matériel à moindre coût.


Un budget de 10 millions d’euros a été dégagé pour le premier volet et un budget récurrent de 15 millions d’euros pour le deuxième volet portant sur les équipements numériques. Cette avancée considérable a déjà permis d’équiper 14 % de la population, un chiffre bien supérieur aux 3 % mentionnés par la Ligue des familles pour l’année scolaire 2022-2023.


Par ailleurs, il convient de noter que les chiffres figurant dans cette étude n’incluent ni les actions menées en 2020-2021 et 2021-2022 ni les appareils acquis grâce au fonds de solidarité. Pour rappel, cela représente plus de 6 600 appareils en 2022-2023. De plus, durant la crise sanitaire, ces mesures ont été complétées par le déploiement d’ordinateurs portables reconditionnés au bénéfice d’écoles de l’enseignement secondaire à indice socio-économique faible. Plus précisément, 2 679 élèves issus de 256 écoles ont reçu un ordinateur reconditionné.


Comme vous vous en doutez certainement, nous sommes ouverts à toute proposition débouchant sur plus d’efficacité. Durant la crise de la Covid-19, la priorité était, à la demande des écoles, d’axer les interventions sur les élèves de l’enseignement secondaire. C’est avec les écoles que nous avons construit ce modèle. Je considère que le modèle n’est pas figé et peut évoluer, en concertation avec les acteurs de terrain, en tenant compte de la situation financière de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Je préfèrerais bien sûr être plus généreux.


La première nécessité est de soutenir prioritairement les élèves et les familles qui en ont le plus besoin. Bien que des avancées considérables aient été réalisées durant la présente législature, nous sommes encore loin du but à atteindre.


En résumé, il est important de souligner que ces mesures représentent un progrès que je qualifierais de majeur au cours de l’actuelle législature. Tout en étant pleinement au fait des défis présents, nous sommes déterminés à évaluer et à améliorer les mesures visant à soutenir les familles dans cette situation numérique. Les élèves et leur réussite restent évidemment au cœur de nos préoccupations.


M. Di Mattia – Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour votre franchise et pour avoir fait preuve de nuance dans votre réponse. Je ne me prononcerai pas sur la proposition de mon collègue quant à un accord de coopération, mais je tiens à revenir sur l’étude elle-même. Cette étude, de qualité, part du postulat important qu’il faut tendre vers l’objectif du «un pour un», c’est-à-dire un ordinateur par élève. Elle ne part pas du tout du postulat de l’équipement par classe.


Notre échange concerne plus largement la politique de l’éducation. Dernièrement, un groupe de l’opposition a présenté une proposition de résolution visant à accélérer la mise à jour de l'équipement numérique et la connectivité des écoles. Or, jamais nous n’avons autant avancé que lors de la mandature actuelle: certes, ces progrès sont aussi dus à des raisons conjoncturelles liées à la crise, mais le gouvernement a débloqué des moyens considérables. Il faut certainement encore renforcer ces moyens, mais nous devons parvenir à dégager une logique qui soit basée non seulement sur le projet pédagogique – le ministre-président et vous-même avez totalement raison sur ce point –, mais aussi sur les équipements des écoles. Cela signifie qu’il faut raisonner par classe.


Vous avez souligné que ce processus devait se faire en concertation très étroite avec les opérateurs de terrain. C’est en effet une condition essentielle.


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