M. Di Mattia – Madame la Ministre, dans de précédentes interventions, j’ai abordé la question de la transition entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur, une transition qui se révèle difficile pour de nombreux étudiants. Nous avons entre autres évoqué les initiatives «Ma Première année sur mesure» ou encore «Passeports pour le bac», organisées respectivement par l’Université libre de Bruxelles (ULB) et l’Université de Namur (UNamur). La presse a récemment mis en lumière le nouveau cursus Ready4Sup’, un programme qui vise à préparer les élèves des dernières années de l’enseignement secondaire aux examens d’entrée des cursus universitaires dans les domaines des sciences et de la santé.
Cette actualité me permet de faire le point avec vous sur les ambitions du gouvernement en matière d’aide à la réussite. La réforme du décret du 7 novembre 2013 définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études (décret «Paysage») prévoit en effet de mieux baliser le début de parcours des études, de rendre plus lisibles les conditions de finançabilité et de renforcer les activités d’aide à la réussite. Pour atteindre ce dernier objectif, le refinancement de l’enseignement supérieur prévoit l’allocation de 6 millions d’eu- ros au développement des dispositifs de soutien à la réussite. Vous m’avez con- firmé par le passé que cette enveloppe pourrait bénéficier à l’organisation d’activités de ce type.
Dès lors, Madame la Ministre, qu’en est-il de la mise en œuvre de ces nouveaux moyens? Existe-t-il un état des lieux des dispositifs de soutien à la réussite déjà existants au sein des établissements? Des procédures ont-elles été formalisées pour le partage des bonnes pratiques entre ceux-ci? Avez-vous prévu le lancement d’un prochain appel à projets visant à développer des initiatives d’aide à la réussite sur la base des montants débloqués dans le cadre du refinancement de l’enseignement supérieur ou seriez-vous plus favorable à l’instauration d’un même dispositif structuré au sein de tous les établissements d’enseignement supérieur et de promotion sociale?
Mme Glatigny – Messieurs les Députés, concernant l’analyse des résultats des examens, rappelons que les universités organisent une veille à l’issue de chaque session, et ce, de manière exhaustive. Les résultats des sessions de juin et de septembre combinés, fournis par le Conseil des recteurs des universités francophones (CRef), permettent d’obtenir une vision globale de l’année académique 2021-2022.
Pour les étudiants avec des unités d’enseignement de bloc 1 dans le bachelier, nous constatons, sur les deux sessions, une légère baisse de la réussite: 41,23 % au lieu de 42,89 % en 2018-2019. Pour les étudiants en poursuite de bachelier et pour les étudiants en master, les taux de réussite suivent la même tendance: 61,10 % en poursuite de bachelier contre 64,70 % en 2018-2019 et 76,45 % pour le master contre 78 % en 2018-2019. C’est la première année après la crise de la Covid-19 et nous constatons une diminution des taux de réussite, sachant que ceux-ci avaient été largement plus élevés durant les années académiques 2019-2020 et 2020-2021, soit en pleine crise sanitaire.
Pour avoir une vision complète de la situation incluant l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, il est nécessaire d’attendre la collecte des données en cours pour 2021-2022, puisque les établissements doivent transmettre leurs données pour le 15 février 2023 au plus tard. Les informations consolidées devraient donc être disponibles après les vérifications, qui prennent généralement deux mois. Ces résultats reflètent bien que la période Covid-19 et celle qui lui a succédé ont été particulières pour les étudiants, difficiles au niveau de l’enseignement et qu’il a été complexe d’évaluer les compétences et connaissances des élèves. D’après plusieurs retours qu’il convient de traiter avec toute la prudence requise, une partie des étudiants ayant passé leurs examens en distanciel durant la période du Covid-19 ont gonflé les statistiques de réussite et se sont retrouvés en échec en 2021-2022. Par ailleurs, il semble que certains étudiants aient eu des difficultés à reprendre le chemin des auditoires au moment de la reprise des cours en présentiel.
C’est une des raisons pour lesquelles nous avons renforcé les moyens dédiés à la réussite tant de manière quantitative grâce à un financement accru que de manière qualitative.
Il est essentiel d’évaluer les effets des aides à la réussite dus à l’augmentation des financements. De plus, il est important de compter également sur la Commission d’aide à la réussite (CAR) de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES). Cette commission est chargée du partage des pratiques en cours dans les dispositifs d’accompagnement. Le souci qui anime la CAR est bien entendu de veiller à l’adaptation à la situation et aux besoins des étudiants.
Si le partage des bonnes pratiques est important, il est tout aussi crucial d’instaurer des mécanismes d’aide à la réussite prenant en compte les différences entre les établissements, les cursus et les étudiants. Un seul mécanisme d’aide à la réussite ne peut résoudre tous les problèmes et toutes les situations rencontrées.
Par ailleurs, l’ARES procède depuis quatre ans déjà à l’élaboration d’un canevas pour le rapport des conseillères et conseillers académiques qui analysent les rapports remis annuellement, le 15 octobre, par les 41 établissements d’enseignement supérieur: universités, hautes écoles et écoles supérieures des arts. Une journée de partage des pratiques a été organisée en février 2022, pour la première fois avec des ateliers destinés aux conseillers et conseillères académiques. Il est également important de faire état de l’étude «Assess for success», déjà en cours. Elle porte sur l’évaluation des dispositifs d’aide à la réussite et est possible grâce à l’engagement d’un chercheur au sein de l’administration de l’ARES, pour le soutien aux personnes de terrain. Cette étude et ce soutien dans l’évaluation des dispositifs de l’aide à la réussite répondent à une véritable attente du terrain. La journée d’étude et de rencontre sera dans ce sens organisée le 10 mars 2023.
Enfin, je rappelle que la réforme du décret «Paysage» prévoit de renforcer et de structurer les dispositifs d’aide à la réussite en imposant aux établissements d’établir un plan stratégique comportant les mesures qu’ils souhaitent prendre en faveur de l’aide à la réussite des étudiants. Celles-ci viseront en particulier la politique d’encadrement des étudiants, la lutte contre l’échec et la politique d’accueil, d’information, d’évaluation, d’orientation et de remédiation. Par ailleurs, la réforme du décret «Paysage» obligera dès l’année prochaine les établissements d’enseignement supérieur à proposer des aides à la réussite à tous les étudiants de première année de bachelier qui n’auront pas acquis un minimum de 30 crédits. Néanmoins, la participation à ces aides n’est pas obligatoire pour les étudiants. Il est donc crucial que les établissements arrivent à leur adresser des incitants positifs pour qu’ils perçoivent clairement la nécessité et l’utilité de s’engager dans ces aides à la réussite.
M. Di Mattia – Ma question était assez simple. Elle consistait à savoir à quoi sont destinés les 6 millions d’euros prévus dans la réforme du refinancement. Une étude va être publiée. Il faudra attendre jusqu’au 10 mars.
Par ailleurs, Madame la Ministre, vous vous en tenez au plan stratégique d’aide à la réussite de chaque établissement, ainsi qu’aux effets de la réforme du décret «Paysage». J’en prends acte et suivrai leur application.
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