M. Di Mattia – Madame la Ministre, l’école véhicule de nombreux clichés, y compris des stéréotypes de genre. Malgré les nombreuses initiatives prises, la cour de récréation n’échappe évidemment pas au phénomène et demeure majoritairement un espace genré. Dans un récent article publié dans les colonnes de «La Meuse», le directeur de l’école primaire de l’Institut Saint-Joseph de Libramont dévoilait des chiffres interpellants. Une enquête menée auprès de sa population scolaire dans le cadre des plans de pilotage de l’institution révèle ainsi que 20 % des enfants sondés vivent mal les périodes de pause dans la cour de récréation.
Conscient de la problématique, le gouvernement a lancé, en juillet 2022, sur la base d’une initiative portée conjointement par le ministre des Bâtiments scolaires et par vous-même, un appel à projets doté d’un budget de 350 000 euros. Celui-ci a pour but de repenser l’occupation et l’aménagement des cours de récréation pour en faire des espaces partagés plus inclusifs. Dans ce cadre, il est attendu que les écoles soient accompagnées par des opérateurs spécialisés pour réaliser concrètement leur projet de réaménagement. Alors que l’aménagement des cours de récréation est souvent pointé comme un élément générateur de harcèlement, ce nouveau dispositif s’inscrit logiquement dans le Plan de lutte contre le (cyber)harcèlement scolaire et vise l’amélioration du climat scolaire.
Si les opérateurs spécialisés qui accompagneront les écoles dans leurs projets ont bien été sélectionnés, comment se traduira pratiquement leur travail d’accompagnement sur le terrain? Pourriez-vous faire le point sur le nombre d’établissements ayant déposé un dossier de candidature et d’écoles lauréates dans le cadre de l’appel à projets? Quel est le calendrier de mise en œuvre du projet? Envisagezvous de réitérer, voire de généraliser ce dispositif dans le cadre du plan de lutte contre le harcèlement précité? Lors des échanges précédents, vous avez relevé l’intérêt d’inscrire ce projet dans la continuité des efforts visant à développer la pratique sportive. Comment le référentiel d’éducation physique et à la santé du nouveau tronc commun intègre-t-il cette préoccupation?
Mme Désir – Le partage inégalitaire des cours de récréation engendre effectivement des comportements très différents chez les filles et les garçons. Ces différences viennent s’ancrer à long terme dans le comportement de nos jeunes et futurs citoyens et citoyennes. Repenser les cours de récréation par le prisme du genre et de l’amélioration du climat scolaire, c’est favoriser le vivre-ensemble et l’égalité des genres. C’est donc important.
L’appel à projets lancé en collaboration avec mon collègue chargé des infrastructures scolaires permet d’abord le subventionnement d’opérateurs spécialisés pour accompagner des établissements scolaires à la transition vers un espace partagé, avec un budget de 5 500 euros par école accompagnée. Ensuite, il permet à des écoles de recevoir un budget de 10 000 euros dédié à l’achat de mobiliers ou d’aménagements plus inclusifs: végétalisation de la cour de récréation, matériel de marquage au sol, zone de régulation, etc.
Les candidatures ont été ouvertes aux opérateurs associatifs qui s’engageaient à développer un processus de co-construction avec l’ensemble des acteurs de l’établissement scolaire; à prendre en considération la dynamique et le contexte spécifique de l’établissement scolaire; à amener les équipes éducatives à évaluer la pertinence et l’efficacité des actions menées en vue d’une autonomie de gestion; à utiliser des méthodes de formation diversifiées visant non seulement la conscientisation et la compréhension théorique de la thématique, mais aussi l’acquisition et le renforcement des compétences réelles.
Au total, 318 écoles ont introduit une candidature dans le cadre de l’appel à projets. Sur la base du budget disponible, 20 écoles – dont 4 de l’enseignement spécialisé – ont bénéficié de l’accompagnement d’un opérateur, ainsi que d’un budget d’aménagement de la cour de récréation. Les binômes «école-opérateur» ont commencé leur travail de co-construction au mois de décembre dernier et auront jusqu’à la rentrée 2023 pour concrétiser leurs actions. Ce projet s’inscrit dans la droite ligne d’autres projets visant à promouvoir le vivre-ensemble, tels que le plan relatif à la prévention du harcèlement et à l’amélioration du climat scolaire que nous avons approuvé ce matin, les projets d’aménagements des bâtiments scolaires, etc.
M. Di Mattia – Madame la Ministre, je reviendrai éventuellement vers vous avec une autre question relative au référentiel d’éducation physique.
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