M. Di Mattia – La commission de l’Enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles a récemment approuvé un projet de décret modifiant le Fonds d’aide à la mobilité étudiante (FAME). Ce programme permet aux étudiants francophones de l’enseignement supérieur et aux jeunes diplômés de réaliser un stage ou un cursus scolaire temporaire, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Union européenne.
L’application du projet de décret entraînera notamment deux renforcements majeurs. Premièrement, les séjours dits courts ou les stages pourront être subventionnés par le FAME. Dès lors, un plus grand nombre d’étudiants pourront en bénéficier. Deuxièmement, le texte prévoit une revalorisation budgétaire du FAME de près de 1,5 million d’euros, le portant à un total de 3,1 millions d’euros. Cela permettra une majoration des bourses octroyées durant le séjour, allant de 600 à 950 euros par mois. Cette dynamique vise à accroître la mobilité étudiante, avec un objectif de 20 %, amenant ainsi ces bourses à un montant similaire à celles du Programme «Erasmus+».
À la fin du mois de septembre, Monsieur le Ministre-Président, je vous ai interrogé sur les programmes de mobilité internationale destinés aux étudiants, dont les programmes britanniques «Tuning Scheme» et «Taith». L’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) et les établissements d’enseignement supérieur en Belgique francophone étaient alors attentifs à l’évolution du programme «Taith», qui propose des flux de mobilité entrants et sortants. Ils avaient également sélectionné le Royaume-Uni comme pays cible pour la mobilité étudiante en 2022. Par diverses actions, Wallonia-Brussels Campus (WBCampus) a soutenu l’attractivité de notre enseignement supérieur auprès des étudiants britanniques. Après les différentes crises, la ministre de l’Enseignement supérieur a récemment annoncé une hausse importante des nouvelles demandes de mobilité étudiante.
En fonction des données chiffrées à disposition de Wallonie-Bruxelles International (WBI), quelle est votre estimation de l’évolution globale des coûts liés à la mobilité des étudiants non pris en charge par une bourse? Disposez-vous d’informations sur le profil de ces derniers? Envisagez-vous des moyens complémentaires pour eux? La majoration du montant des bourses ne risque-t-elle pas d’être absorbée par le phénomène d’inflation particulièrement élevé dans certains pays?
Par ailleurs, sur le plan de la mobilité entrante, comment évaluez-vous les résultats des actions menées par WBI pour renforcer l’attractivité de notre enseignement supérieur auprès des étudiants du Royaume-Uni? De manière plus générale, comment évaluez-vous les collaborations entre les différents programmes internationaux de mobilité étudiante?
Si les chiffres de mobilité du FAME sont bien revenus à leur niveau de la période précédant la crise sanitaire, pouvez-vous nous préciser quelles sont les zones actuellement recherchées par les étudiants?
M. Jeholet – Monsieur le Député, la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient la mobilité étudiante dans la mesure de ses moyens. Nos établissements d’enseignement supérieur continuent d’informer les étudiants désireux de bénéficier d’un programme de mobilité pour leur permettre d’évaluer leur budget au mieux. Les bourses du FAME ont été majorées pour s’aligner sur les bourses du Programme «Erasmus+», qui finance désormais aussi en partie la mobilité des étudiants au sein de l’Union européenne. Nous souhaitons éviter de créer des discriminations entre des étudiants financés par des fonds différents, mais présents dans de mêmes établissements.
Quant à savoir si la majoration du montant des bourses ne risque pas d’être absorbée par l’inflation actuelle, particulièrement élevée dans certains pays, il est effectivement possible que cela arrive. Ainsi, en 2022, au Royaume-Uni, l’inflation est passée sous la barre des 10 %, alors qu’elle était légèrement supérieure en Belgique. La situation n’est pas comparable en Lituanie où l’inflation est particulièrement élevée au vu du contexte international actuel. Dans le cas du Royaume-Uni, la situation des futurs stagiaires pose effectivement de nombreuses questions. Il convient de préparer ces derniers aux programmes de la mobilité étudiante et au coût élevé entraîné par les demandes de visa à la suite du Brexit. Il est important de les informer des difficultés liées à certaines destinations tant que les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne n’auront pas abouti à un allègement des conditions d’accès.
Quant aux résultats des actions entreprises par WBI pour attirer les étudiants en provenance du Royaume-Uni dans nos établissements d’enseignement supérieur, il convient de préciser que les actions menées par WBCampus à la demande des établissements ciblent essentiellement les pays non européens. Cependant, des actions sont menées au travers de la présence de WBCampus au Salon européen de l’éducation. Ce sont les établissements d’enseignement supérieur qui mettent en œuvre, en fonction de leur politique d’internationalisation, les différents leviers des programmes de mobilité.
Quant à l’évolution de la mobilité dans le cadre des bourses FAME, les chiffres semblent revenir au niveau préalable à la crise de la Covid-19. Néanmoins, il est trop tôt pour les analyser avec précision et déterminer les zones recherchées par les étudiants, puisque les établissements d’enseignement supérieur n’ont pas encore encodé les parcours de mobilité pour l’année 2022-2023. Notons qu’il convient également d’interpréter les chiffres de l’année 2021-2022 avec des réserves, car le fonds FAME a exceptionnellement été utilisé pour alimenter les fonds du Programme «Erasmus+» et cofinancer des séjours d’étudiants au sein de l’Union européenne.
Pour 2021-2022, les flux de mobilité financés par le fonds FAME ont enregistré comme principale destination le Canada, très largement en tête, suivi du Royaume-Uni, des États-Unis, de la France, de l’Espagne et de l’Italie.
M. Di Mattia – Monsieur le Ministre-Président, vos indications sont précieuses, notamment quant au rôle d’ajustement qu’a joué le FAME par rapport au Programme «Erasmus+». Je comprends parfaitement votre réponse. Je siège dans cette Assemblée depuis suffisamment de temps pour être conscient des impacts et des budgets.
Peut-être faut-il tout de même tenir compte du fait que les négociations avec le Royaume-Uni ne sont pas terminées. Or, ce pays joue un rôle phare dans la mobilité intra-européenne. J’en veux pour preuve que, dans son programme, le parti travailliste britannique entend faire en sorte que l’Écosse ait une autonomie pour le Programme «Erasmus+». Les questions de mobilité sont donc une de ses priorités.
Bien entendu, l’inflation dans d’autres pays ne peut pas être maîtrisée, mais nous ne pouvons pas nous baser sur une moyenne entre la Lituanie et la Grande-Bretagne, car beaucoup plus d’étudiants se rendent en Grande-Bretagne.
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