M. Di Mattia – Le débat sur la mixité des cours d’éducation physique suscite, depuis de nombreuses années, autant d’approbation que de méfiance. Force est de constater qu’il n’a jamais été réellement tranché en tant que tel.
Selon une chercheuse de l’Université libre de Bruxelles (ULB), spécialiste de la question du genre, il convient de s’interroger sur les formes de mixité. Dans les milieux sportifs mixtes, les sportifs masculins peuvent plus facilement abandonner les préjugés qu’ils ont par rapport à leurs collègues féminines; ils seront par contre plus enclins à relier certaines performances féminines à des considérations réductrices, comme un soi-disant esprit stratégique ou d’équipe propre aux sportives.
D’après cette même chercheuse, les filles seraient plus compétitrices dans les équipes, notamment dans un contexte scolaire, car le niveau collectif les tire vers le haut. À l’inverse, certaines autres jeunes filles se sentiraient complètement inhibées parce qu’elles redoutent de ne pas se sentir à la hauteur ou parce qu’elles se sentent en minorité. Certains enseignants entérinent une hiérarchisation au sein des groupes en confiant des tâches séparées aux filles et aux garçons ou encore en attribuant un double point à des réalisations féminines.
Aucune étude ne semble avoir été menée à grande échelle dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles sur l’opportunité d’une éventuelle mixité des cours d’éducation physique ou sur la répartition genrée entre les disciplines sportives.
Madame la Ministre, quel est votre regard sur ce débat concernant la mixité des cours d’éducation physique au niveau de l’enseignement secondaire ?
Étant donné la répartition genrée de certaines disciplines sportives, quelles mesures pourraient-elles favoriser la diversité? Quelles mesures existent ou doivent être prévues pour éviter les mécanismes de rejet chez les jeunes filles ou chez les jeunes garçons, que ce soit dans certains cours ou dans certaines disciplines ?
De manière plus générale, quelles conditions seraient requises pour envisager une réelle mixité, complète ou partielle, qui respecte un climat serein au sein des cours d’éducation physique ?
Mme Désir – Chaque circulaire de rentrée pour l’enseignement secondaire rappelle la possibilité d’organiser, sous certaines conditions, les cours d’éducation physique en mixité. Le conseil de participation (Copa) doit avoir remis un avis favorable et la mixité doit être clairement inscrite dans le projet de l’école, en détaillant les années d’études et les options concernées, ainsi que les mesures spécifiques d’encadrement et de surveillance des vestiaires.
Le cadre actuel me semble suffisamment pertinent dans la mesure où il insiste sur la nécessité d’un choix de l’établissement scolaire librement posé et concerté avec ses différents acteurs. Lorsque ce cadre est respecté, les jeux et les sports collectifs en mixité permettent valablement de considérer la mixité de genres et de niveaux comme une richesse pour apprendre ensemble. La mixité participe alors aussi à rendre les pratiques sportives accessibles et attrayantes à toutes et tous.
C’est pourquoi la Fédération Wallonie-Bruxelles a mis en ligne un outil à disposition des enseignants: le site internet www.egalitefillesgarcons.be fournit des informations générales sur l’égalité des filles et des garçons et des informations thématiques sur les stéréotypes sexistes et les politiques éducatives en lien avec le genre. Il offre aussi des conseils pratiques et des outils adaptés à chaque discipline scolaire. Les équipes éducatives sont invitées à penser les cours d’éducation physique de manière à lutter contre les idées reçues et à permettre aux jeunes de développer leur potentiel.
M. Di Mattia – La circulaire repose sur le principe du libre choix de l’école. Ce cadre peut donner lieu à des initiatives locales intéressantes. Il doit être possible d’aller même plus loin. C’est en tout cas la thèse défendue par un certain nombre de chercheurs. Aurélie Aromatario, chercheuse à l’Université libre de Bruxelles (ULB), propose par exemple de prévoir une série d’activités mixtes au sein de l’école.
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