top of page

LE PLAN DE RELANCE DE LA WALLONIE ET LES AMBITIONS AFFICHÉES EN MATIÈRE DE RÉINDUSTRIALISATION

M. Di Mattia – Monsieur le Ministre-Président, à travers le Plan de relance, la Wallonie s’est positionnée de manière très claire et volontariste en faveur d’une réindustrialisation forte avec un objectif, à l’horizon 2030, de près de 25 % de son PIB. Les chiffres renseignent un taux de 20,9 % pour le secteur secondaire industriel.


Forte d’un consensus entre le Gouvernement, le patronat, les syndicats et les associations environnementales en la matière, la Wallonie doit encore activer des chantiers : main-d’œuvre disponible, formations, remises à l’emploi, reconversion des friches industrielles, mise à disposition des terrains disponibles, plan de fiscalité.


En marge des enjeux essentiels tels que l’approvisionnement énergétique et l’attractivité du territoire, je note particulièrement l’attention portée à la formation et à l’orientation professionnelle.


La Région a inscrit 42 mesures considérées comme prioritaires au travers de son plan d’action. Pour certains acteurs, des mesures identifiées ne seraient pas prioritaires et pourraient même être des freins à la réindustrialisation. Nous savons qu’un tiers des moyens ont déjà été déployés dans le cadre du Plan de relance.


J’en viens à mes questions. Quel regard portez-vous sur les avancées du Plan de relance au regard des objectifs de la Déclaration de politique régionale et des mesures prioritaires ?


Selon vous, une réévaluation de certains projets inscrits comme prioritaires devrait-elle être programmée pour maximiser les leviers nécessaires à une réindustrialisation durable en Wallonie ?


La position récemment défendue par l’Union wallonne des entreprises vous semble-t-elle représentative de celle de l’ensemble des opérateurs de terrain ? À titre personnel, j’en doute quelque peu, mais je pourrais peut-être m’en expliquer lors de ma réplique. La stabilité du consensus entre les différents partenaires est-elle impactée ? C’est ce qui m’importe en priorité.


M. Di Rupo – Madame et Messieurs les Députés, le Plan de relance est conçu pour mener à bien un certain nombre de projets qui sont dans le plan. Il est conçu aussi pour tenter de créer une certaine dynamique. Je ne le dirai jamais assez, je dois me réjouir et féliciter les partenaires sociaux et environnementaux qui ont accepté non seulement de participer, mais de coconstruire. Pour moi, c’est un signe important.


Bien entendu, derrière cette dynamique entre Gouvernement et partenaires sociaux et environnementaux, il faut maintenant que ce soit dans les entreprises, dans les associations, dans les diverses fédérations qu’il y ait cette volonté de se surpasser et de se dire que l’on doit tous travailler à la relance de notre Région.


Si je ne voulais citer que quelques exemples qui montrent que ce que nous faisons concerne directement les citoyens, mais c’est vrai que les citoyens, à l’instar de l’intérêt qu’ils portent à la politique, peuvent ne pas connaître — ou certains d’entre eux — le Plan de relance, je suis ouvert à un site internet avec quand même une nuance importante c’est que même pour la conférence de presse j’ai dû chercher un certain nombre d’informations directement parce que le reporting prend un délai de trois et parfois cinq mois. C’est-à-dire entre le projet lui-même, le moment où on l’envoie, le moment où l’administration centralise et en fait un document lisible, il se passe au moins un trimestre si pas parfois plus.


C’est un problème important parce que le risque est grand que l’information que l’on communique soit, en réalité, en retard par rapport à la réalité. C’est un sujet qui mérite réflexion.


Je vous disais que le Plan de relance concerne les citoyens. Par exemple, quand on parle de la mise en œuvre, dès le 1er juin, des primes simplifiées pour les isolations de toitures, les travaux énergétiques, qui vont passer de 3 000 euros à 6 000 euros, moyennant un certain nombre de conditions, on ne peut quand même pas dire que c’est sophistiqué, que c’est difficile. Voilà quelque chose qui est d’une grande simplicité et en plus auparavant il fallait opérer par un audit d’abord et puis seulement avancer. J’ai beaucoup bataillé, et avec l’accord du ministre de l’Énergie on s’est résolu à ne pas passer par l’audit. Non pas que l’audit ne soit pas intéressant, mais on sait, dans tous les cas, que si vous isolez votre toiture vous avez un gain substantiel en termes de consommation d’énergie. Donc, pourquoi passer par un audit ?


La création des places de crèches, nous l’avons inscrite dans le Plan de relance pour une raison simple c’est qu’il y en a un besoin absolument criant partout. On en a prévu 3 150 environ. Mais on doit continuer et je ne me souviens pas de ce qu’avaient relaté les journalistes à mon interview, mais j’ai dit qu’au-delà de nos efforts durant cette législature il faudra continuer. Il ne m’appartient pas de dire ce qu’il faut faire après cette législature, mais si je ne prenais que l’exemple des crèches, c’est clair qu’il faut en faire au minimum tout autant, si pas plus, lors de la prochaine législature.


La quasi-gratuité des transports en commun, non seulement pour les personnes âgées, mais pour les jeunes de 18 ans à 24 ans, c’est quand même un élément d’une extrême importance. Les jeunes y sont très sensibles. Un euro par mois en moyenne, c’est quand même une avancée, c’est fait dans le cadre du Plan de relance.


La rénovation de 20 000 logements publics. Vous me dites : « Au rythme où l’on va, on en a pour 150 ans. Je vous rassure, je n’ai pas l’intention d’être encore là dans 150 ans – il faut parfois rassurer – mais je vous comprends. D’un autre côté, il y a un optimum à trouver entre les moyens financiers que l’on peut mettre à disposition et ce que nous sommes en train de faire. Dans ce que nous sommes en train de faire, il y a 20 000 logements d’utilité publique en rénovation pour le moment, la création de logements publics nouveaux écoresponsables, avec de nouveaux matériaux – plus de 800. Bien sûr, on peut trouver tout cela modeste, mais c’est un début important. Il est vrai que l’on a accordé une priorité aux logements dans le Plan de relance.


Pour ce qui concerne la réindustrialisation durable de la Wallonie, je dirais que cela me fait plaisir d’entendre enfin des collègues – européens, nationaux, ou régionaux – qui disent qu’in fine, il faut réindustrialiser, parce que durant un certain temps – je dirais une trentaine d’années –, on m’a expliqué que la globalisation, la mondialisation, cela allait résoudre tous les problèmes. On allait voir ce que l’on allait voir : le niveau de vie allait augmenter pour chacun – cela allait être l’Éden. Maintenant, on s’est rendu compte, dramatiquement, dès les premières semaines de la covid, que l’on n’avait même pas ce malheureux masque. Qu’on ne le trouvait pas de respirateurs pour les personnes parce que les Chinois les gardaient pour eux un certain temps.


La réindustrialisation européenne dans son ensemble est donc pour moi un objectif fondamental. Et dans cette réindustrialisation européenne, en tant que Région wallonne, nous avons notre part à jouer. C’est dans ce cadre-là que nous avançons. Un objectif chiffré a été d’ailleurs annoncé pour cette réindustrialisation, en particulier pour le secteur de la construction, le secteur industriel : nous voulons atteindre 25 % du PIB wallon en 2030. Encore une fois, on va me demander : « pourquoi avez-vous dit 25 % ? » Parce que cela nous semble atteignable par rapport aux travaux que nous réalisons, et parce que voulons redire à tous les candidats investisseurs que c’est l’objectif que nous voulons atteindre.


Le Gouvernement a lancé aussi, pour 50 millions, le projet de déployer des écosystèmes de batteries. Je vous passe le détail de l’importance des batteries, non seulement le recyclage, mais aussi pour le stockage d’électricité, c’est un problème absolument majeur. Nous investissons aussi dans la formation. J’ai beaucoup de respect pour ce qui se fait à la Fédération Wallonie-Bruxelles concernant la formation en alternance, mais rappelez-vous que je vous ai déjà dit – il y a certainement déjà plus de deux ans – que la Fédération travaillera du mieux qu’elle peut à son rythme. Mais nous, nous voulons travailler sur nos propres forces, c’est-à-dire l’IFAPME, nos centres d’excellence, nos centres de compétence, nos centres de formation. C’est ce que nous sommes en train de faire pour le moment.


Concernant l’emploi, je comprends ce que vous dites. Peut-être qu’un jour, à l’instar d’un changement de paramètres, au lieu de parler de PIB comme on le fait maintenant, on pourrait parler d’un indicateur qui soit du bien-être des personnes, et cetera. Je n’ai pas de difficulté à ce qu’un jour, on parle de taux d’emploi à temps plein, ou d’équivalent temps plein, ou quelque chose du genre. Pour le moment, on utilise la définition du taux d’emploi telle que cette définition est généralement appliquée. Quoiqu’il en soit, pour augmenter l’emploi, que faut-il ? Il faut d’abord des initiatives, que ce soient des initiatives économiques, industrielles, privées ; que ce soient des associations ; que ce soient des services publics.


Deuxièmement, il faut un niveau d’éducation suffisant. Je le disais dans cet article. Il est quand même désespérant de constater le nombre de jeunes qui quittent l’enseignement sans diplôme. C’est absolument incroyable. C’est un phénomène qui s’est amplifié et qui entraîne par la suite des complications pour le jeune luimême. En effet, il faut non seulement parler de formation, mais il faut d’abord une première mise à niveau. On a parfois fait croire à certains de nos jeunes que, aujourd’hui, il ne fallait plus un minimum de connaissances. Néanmoins, il faut un minimum de connaissances pour la structuration des personnalités, de sa propre personnalité.


Donc, il y a chez nous la formation et l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Concernant la formation, on fait d’énormes efforts, par exemple pour le secteur de la construction. On fait également des efforts pour les jeunes qui font – même aux adultes – des formations de l’ordre de six mois pour entrer dans un des métiers de la construction. Au terme de cela, on donne 2 000 euros. C’est un incitant important.


Pourquoi le fait-on ? Pour inciter au maximum les personnes à entrer dans ce schéma. Je n’ai pas besoin de vous le dire ; il suffit de regarder autour de nous. C’est un peu le paradoxe. Nous mettons beaucoup d’argent, il y a énormément de chantiers et de grues un peu partout. Le personnel est-il un tant soit peu de notre région ? C’est toute la question qui se pose.


Quand on pose la question, on dit : « Oui, mais il y a un problème de formation ». On y travaille. Vous pouvez poser des questions complémentaires à ma collègue, la ministre Morreale, car elle y travaille énormément.


Ensuite, il y a l’accompagnement personnalisé. Il faut un accompagnement tout à fait personnalisé des demandeurs d’emploi. C’est l’évolution qu’est en train de faire le FOREm et nous insistons beaucoup pour qu’il en soit ainsi.


On travaille aussi sur le domaine industriel bas carbone. Je n’ai pas besoin de longues explications. C’est absolument vital.


On travaille sur l’hydrogène ; l’hydrogène est un sujet pour lequel le monde entier travaille. Néanmoins, on n’a pas encore trouvé la solution miracle. Est-ce par l’hydrolyse ? Est-ce par autre chose ? Une fois qu’on le produira, le fera-t-on sur place ? Quel type d’utilisation ? Comment le transporter ? Nous avons des entreprises qui ont été primées par la Commission européenne. Nous les soutenons dans ce domaine grâce au Plan de relance.


À cet égard, nous sommes à la pointe et nous avons pris le tournant technologique. On a d’ailleurs une ligne de crédit spécifique à la Banque européenne d’investissement.


Voilà, je pense avoir répondu à vos différentes interrogations. Bien entendu, nous allons poursuivre et je vais voir s’il est possible de rendre cela public. Il faudrait que ce soit véritablement un site qui donne une image réelle du moment x quand on va sur l’ordinateur. Cela, je ne suis pas certain que j’y parviendrai, mais je vais un peu regarder.


M. Di Mattia – Monsieur le MinistrePrésident, vos propos tracent une ligne claire. Un point me réjouit, c’est la volonté européenne que nous pouvons retrouver chez un certain nombre de leaders de réindustrialiser le continent, puisque cette donnée est totalement différente.


Il y a un autre point sur lequel je me permets de m’appesantir quelques instants. Ce plan prioritaire est basé aussi sur l’accord des partenaires. C’est fondamental. Je regrette les propos tenus par l’Union wallonne des entreprises ; en même temps, ces propos passent et il y en aura d’autres. En fait, l’Union wallonne des entreprises vous demande à la fois un tax shelter fiscal et un cadre propice.


Je ne sais pas ce qu’est un cadre propice dans la mesure où il doit être fixé à l’échelle européenne. S’il y a des objectifs européens pour augmenter la réindustrialisation et l’attachement à nos différents territoires, cela va faciliter la tâche de la Wallonie.


Il vous est aussi demandé un hub international d’innovation, à l’image de ce qu’il se fait en Flandre, comme l’IMEC. C’est une très bonne question, mais les entrepreneurs doivent s’adresser à eux-mêmes puisqu’il faudra que toutes les forces vives s’impliquent dans ce projet de réindustrialisation.


Source (non disponible au moment de l'encodage)

Comments


bottom of page