M. Di Mattia – Monsieur le Ministre, alors que vous annonciez récemment vouloir faire de la formation en alternance une filière « tendance », le nouveau contrat de gestion de l'IFAPME a été signé le 18 janvier dernier. Une feuille de route résume les principaux objectifs pour les cinq prochaines années. Pour l'alternance, le taux d'insertion à l'emploi est indubitablement un atout avec près de 85 % d'insertion professionnelle, et le nombre d'inscriptions est tendanciellement à la hausse, alors bien que certaines filières font face à des diminutions.
Au printemps dernier, les Gouvernements wallons, bruxellois et de la Fédération, ainsi que le collège de la COCOF se sont accordés sur une note d'orientation relative à la méthode à construire en vue du renforcement transversal de l'enseignement qualifiant et de la formation professionnelle. Dans ce cadre, neuf comités de pilotage, et maintenant des entités compétentes, ont établi une feuille de route sous la forme d'un rapport avalisé par les administrations, les opérateurs, mais aussi les partenaires sociaux.
Au regard du timing serré, entre la présentation du nouveau contrat de gestion et ce rapport, comment entendez-vous concrétiser les points d'attention en action prioritaire pour renforcer le dialogue notamment avec les CEFA ainsi que les partenaires qu'est l'enseignement de promotion sociale, voire l'enseignement supérieur ? Parallèlement, la Wallonie a réservé, au sein du Plan d'action prioritaire 4 formé, une partie des neuf projets à la formation en alternance ; à ce propos, quel est le retour du comité d'action quant aux moyens dégagés ? De quelle garantie disposez-vous pour vous assurer qu'ils soient réellement adaptés aux objectifs ? Où en est le taux de consommation du budget afférant à l'alternance dans ce Plan prioritaire 4 ? D'éventuelles modifications sont-elles d'ores et déjà prévues ? Enfin, Monsieur le Ministre, quelles mesures comptez-vous prendre au sujet des abandons qui sont quand même très importants ? Ceux-ci sont notamment des apprenants en deuxième et troisième, et qui sont notamment en lien avec l'obtention d'autres activités professionnelles, mais pas toujours en adéquation avec leur filière de formation.
Je vous remercie pour les éléments de réponses.
M. Borsus – Monsieur le Député, nous avons effectivement signé le nouveau contrat de gestion avec les différents partenaires, avec l’administratrice générale et le président, ainsi qu'un certain nombre de parties prenantes.
Ce nouveau contrat de gestion a été élaboré à partir d'une analyse du précédent, mais aussi d'un certain nombre de défis du marché de l'emploi et de la formation en Wallonie et des enjeux propres à la formation en alternance organisée par le réseau de l'IFAPME.
Vous l'avez signalé, le chiffre d'insertion lorsque l'on sort des formations du réseau IFAPME est très important, 85 % et même plus dans certains cas. D'autre part, le chiffre d'inscriptions évolue positivement lors de cette rentrée 2022 : 18 386 inscriptions ont été recensées, soit une augmentation globale de 2,6 % par rapport à l'année précédente, de 4,2 % dans les formations d'adultes, un recul dans l'apprentissage – qui est globalement de -2,6 % –, mais avec un signal positif puisque les inscriptions en première année augmentent de 1,3 %.
Le taux de sortie dans les premiers mois de la formation ou ultérieurement est élevé et concerne un apprenant sur deux, déduction faite des sorties positives, c'est-à-dire des gens qui éventuellement trouvent un emploi directement ou qui reprennent d'autres études. Dans cette situation, nous devons traiter spécifiquement plusieurs points et notamment ces questions de sorties trop importantes. C'est la raison pour laquelle, dans les quatre axes stratégiques, on retrouve notamment le fait de :
Renforcer l'orientation professionnelle positive des jeunes pour en faire une filière de choix positif et réfléchi avant de s'engager pour être bien formé, notamment par rapport aux choix que l'on va poser.
L'augmentation du taux d'accrochage – le vocable est positif – en formation et ce jusqu'à la réussite et la conclusion de celle-ci.
Le fait de renforcer l'offre de formation dans les métiers d'avenir, en pénurie ou de niche, à fort potentiel de débouchés.
Le fait de renforcer les synergies et fluidifier les interactions au sein même du réseau de l'IFAPME et des différentes équipes qui interviennent.
Ce nouveau contrat de gestion a aussi la particularité d'avoir été élaboré parallèlement à la réalisation de l'état des lieux transversal sur l'enseignement qualifiant et la formation professionnelle, avec un focus sur l'alternance. Cela fait référence au travail que vous avez évoqué. Des liens ont ainsi été établis entre les deux démarches. Concrètement, le contrat de gestion prévoit que l'IFAPME explorera les opportunités d'ouverture de poursuite d'études aux apprenants en s'appuyant sur le développement de partenariats avec l'enseignement de promotion sociale, les hautes écoles et l'enseignement supérieur. Deuxièmement, on va renforcer le dialogue et la collaboration avec les CEFA, notamment lors de la création – ou de la décision de création – de nouvelles formations en apprentissage. Troisièmement, on va organiser une veille active sur la réforme du qualifiant prévue dans le Pacte pour un enseignement d'excellence afin d'anticiper et de s'adapter à l'évolution de l'enseignement qualifiant.
Concernant la mise en œuvre des projets liés à la formation en alternance dans le cadre du programme d'action prioritaire du Plan de relance de la Wallonie, le Comité d'action se réunira prochainement – il y a quelques arbitrages à faire – sur l'ensemble des travaux menés.
Je peux déjà vous informer que les projets portés par l'IFAPME ont tous très rapidement démarré en 2022. Le taux de consommation budgétaire est particulièrement élevé. A priori, pas de souci à cet égard.
Avec le recul d'une année de mise en œuvre, nous pouvons d'ores et déjà constater que les objectifs des projets du Plan de relance et du contrat de gestion s'inscrivent dans les principaux constats issus de l'état des lieux global.
Concernant les abandons, c'est malheureusement une problématique partagée aussi avec d'autres opérateurs. C'est l'objectif du deuxième axe stratégique avec un accompagnement renouvelé, renforcé et personnalisé.
J'ai ici une liste que je ne puis malheureusement vous communiquer dans les 11 secondes qu'il me reste, mais que je vais vous transmettre par écrit, avec les moyens d'action suivants qui ont été mobilisés.
Pour l'avenir des CEFA, IFAPME, et cetera, ma position personnelle – mais c'est un débat d'accord de Gouvernement à venir –, penche pour un seul institut de l'alternance – un seul –, piloté par la Région wallonne et rassemblant toute la filière de l'alternance en étant coordonné avec les autres filières pédagogiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles et avec l'utilisation notamment des équipements des centres de compétences, et cetera, pour optimaliser l'impact et le lien avec les besoins socioéconomiques de notre Région.
Néanmoins, ceci n'est pas à l'ordre du jour, car pour le moment nous faisons déjà tout ce que nous avons sur la table. On citera aussi les quick wins, le fait d'obtenir la certification, et cetera.
M. Di Mattia – Je voudrais remercier M. le Ministre, car les éléments de réponse qu'il apporte sont précieux. La dernière partie est évidemment la partie la plus politique. Vous savez que la position adéquationniste n'est pas celle que nous privilégions au sein de notre parti.
Il y a de sérieux efforts à fournir, y compris dans le chef des entreprises, notamment dans l'accompagnement des stages, mais je dirais que ce n'est pas le député qui va interpeller le ministre sur des choses qui ne sont pas encore faites et qui doivent seulement être décidées.
J'en reviens aux éléments de réponse ; ils sont précieux et je voudrais souligner un élément que vous avez pointé et qui doit tous nous interpeller : un apprenant sur deux abandonne.
Dans ma question, je vous ai surtout parlé de ceux qui sont en seconde et troisième année. C'est encore plus interpellant, car en première année en IFAPME, comme vous le savez très bien, le réseau permet déjà de tester si cela peut convenir ou non, d'avoir un sas qui soit un sas d'orientation. Cependant, des abandons, qu'ils soient en seconde ou en troisième année, sont particulièrement interpellants et cela doit nous mobiliser. Je suis impatient de lire la note que vous allez me remettre et je reviendrai sur le sujet en temps utiles.
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