M. Di Mattia – Monsieur le Ministre, la Wallonie vient effectivement de signer un accord de coopération avec la Banque européenne d’investissement pour faciliter la coopération dans le secteur de l’hydrogène.
La BEI soutient généralement les projets jusqu’à hauteur de 50 % grâce à des prêts. Cet accord renforce la relation déjà existante entre la BEI et notre Région, notamment dans l’objectif d’accélérer la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Dans ce cadre, la Wallonie a identifié plusieurs projets liés à l’hydrogène – JCH2 et Colombus, sur lesquels je vous ai interrogé – qui sont notamment soutenus dans le cadre du Plan de relance wallon.
En marge de cette annonce, le Belgian Hydrogen Council – BHC, le Conseil national de l’hydrogène belge – a été récemment constitué pour promouvoir l’industrie belge de l’hydrogène dans notre pays, mais aussi à l’étranger.
Dès lors, Monsieur le Ministre, je voudrais vous adresser deux questions.
La première, regrettez-vous que le budget accordé au développement de l’hydrogène dans le cadre du Plan de relance ait été affecté par la réduction des moyens provenant de l’Europe ? Le nouvel accord permet-il, selon vous, d’envisager l’élargissement des investissements au-delà des projets menés par John Cockerill et Carmeuse ?
La seconde, le Gouvernement s’est-il déjà entretenu avec son organisme intermédiaire, Wallonie Entreprendre, et le Conseil national de l’hydrogène belge récemment institué pour intégrer, dans sa stratégie globale, les nouvelles perspectives de développement permises par le nouvel accord avec la BEI ?
Je vous remercie d’ores et déjà pour les éléments de réponse.
M. Borsus – Monsieur le Député, comme vous le soulignez, Columbus et JCH2 sont des projets soutenus via la procédure IPCEI, d’une part, et le PNRR, d’autre part. De ce fait, ces deux projets sont financés par des budgets européens et ne doivent pas être confondus avec d’autres dossiers ou d’autres projets qui peuvent faire l’objet de financements via la BEI.
Alors que les deux projets susvisés bénéficient d’un soutien prenant la forme d’aides d’État – en d’autres mots de subsides, de subventions –, tout financement via la BEI doit être compris comme un financement sous la forme d’un prêt.
Cela étant, la signature de ce MoU est une excellente nouvelle en ce qu’elle marque la volonté partagée entre la Wallonie et la BEI d’institutionnaliser et aussi de faciliter l’accès des futurs projets, en matière d’hydrogène notamment, à des prêts européens.
Alors que les deux premiers projets précités sont essentiels pour le développement de la filière hydrogène en Wallonie, celle-ci demeure encore fort jeune et les besoins en matière de financement seront très importants, d’où l’importance de ce partenariat avec la BEI.
J’attire aussi l’attention sur le fait que le MoU, dont l’objet mentionne la possibilité de conclure des prêts, envisage également d’instituer un fonds hydrogène. Ce fonds – s’il est effectivement créé – permettrait à la Wallonie de définir une gouvernance avancée en matière de financement plus global et d’accompagnement. C’est un autre service de la BEI qu’il ne faut pas mésestimer. Dans un certain nombre de projets bien pointus, précis, l’accompagnement de la BEI est également proposé ; un accompagnement évidemment très professionnel et high level, accompagnement de futurs projets en lien avec l’hydrogène.
Les thématiques pourraient, à leur tour, être étendues et éventuellement dépasser le seul cadre de l’hydrogène au sens strict.
On le sait, les défis économiques et industriels en lien avec la transition énergétique, la décarbonation de la Région et l’accès à une énergie décarbonée à un prix compétitif au niveau international sont tels qu’il ne faut, à l’évidence, fermer aucune porte à ce stade.
Je vous confirme finalement que le Gouvernement construit ses stratégies en la matière en collaboration étroite avec Wallonie Entreprendre et les autres parties prenantes, dont le cluster TWEED, les pôles et d’autres interlocuteurs en la matière. Le but est de définir ensemble la ou les roadmaps nécessaires en la matière. Ces stratégies sont en cours de finalisation et les besoins de financement sont une partie importante de la réflexion.
Je me permets d’indiquer également que ces investissements sont éligibles à d’autres types de subsides ou d’autres types de financement. Dans ce contexte, la signature du MoU n’est que la première étape, extrêmement intéressante, structurante, indispensable, d’un développement qui se veut plus structurel, au-delà des deux projets IPCEI que nous avons rappelés et que vous avez mentionnés également dans votre question.
M. Di Mattia – Ma réplique sera courte. Je voudrais simplement remercier M. le Ministre.
Comme vous l’avez rappelé à trois reprises dans votre réponse, c’est un pas nécessaire et essentiel qui permettra de construire une stratégie beaucoup plus large que simplement l’hydrogène et qui concernera certainement des industries anciennement lourdes qui se redéploieront. Pour la Wallonie, c’est un enjeu absolument fondamental.
Je retiens également ce que vous avez souligné et qui me permettra peut-être de vous interroger dans le futur, à savoir que la BEI, ce n’est pas simplement des prêts, mais c’est aussi l’accompagnement du financement ainsi que la définition d’une stratégie dans son ensemble, stratégie à partir de laquelle la Wallonie peut se redéployer.
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