M. Di Mattia – Madame la Ministre, l’AWSR rapportait que 960 accidents corporels impliquant un cycliste – que ce soit un vélo classique ou à assistance électrique – ont été recensés sur les routes wallonnes en 2021.
Récemment, il a été mis en lumière que 10 % des accidents de vélo en Wallonie se produisent à Liège. Les raisons de cette situation sont attribuées à divers facteurs, tels que le manque d’attention des cyclistes sur les routes, le trafic dense et la préférence pour les espaces partagés entre vélos, voitures et piétons.
Il faut souligner que Liège a connu – puisque l’on parle de cette ville – comme bon nombre d’autres métropoles wallonnes, une forte augmentation du nombre de cyclistes au cours des dix dernières années, avec une croissance constante, à l’exception de la période covid. On peut compter trois fois plus de cyclistes utilitaires qu’il y a 10 ans à Liège selon les comptages réalisés en continu au moyen de dispositifs utilisant les images des caméras. En mai 2022, le nombre de cyclistes observés sur une heure a dépassé les 1 000 pour la première fois.
À la suite de cette augmentation du nombre de cyclistes dans les centres urbains de manière générale, qui contribue aux accidents, les autorités locales mentionnent souvent la nécessité d’améliorer les infrastructures urbanistiques, mais aussi l’intensification des sanctions concernant le stationnement illégal sur les pistes cyclables et la visibilité pour les cyclistes.
Au regard de vos compétences, Madame la Ministre, quelles mesures votre Gouvernement peut-il apporter en soutien aux villes qui ont besoin face à cet enjeu de meilleur signalement et de prévention ?
Quelles mesures le Gouvernement compte-t-il mettre en place en matière de prévention afin de mieux sécuriser les centres urbains et périurbains dans lesquels le vélo prend, de manière assez rapide, une place prépondérante dans le mode de transport et assurer une cohabitation idéale comme vous y tenez beaucoup ?
Mme De Bue – Monsieur le Député, j’imagine que Mme Galant pourra prendre connaissance de la réponse à sa question par écrit, car vos questions ont été jointes, mais elles sont sensiblement différentes. Je vais vous répondre d’emblée.
Les Wallons sont de plus en plus nombreux à choisir le vélo pour leurs déplacements. En 2022, selon une enquête effectuée par le SPF Mobilité, plus d’un Wallon sur quatre – le chiffre exact est 28 % – déclare l’utiliser au moins plusieurs fois par mois. Parmi les Wallons qui choisissent le vélo pour se déplacer, 43 % déclarent l’utiliser afin de se rendre au travail et 38 % pour réaliser des trajets utilitaires, comme faire des courses.
Ces habitudes de mobilité se reflètent malheureusement dans les accidents. Dans près de huit cas sur dix, ils surviennent en agglomération. Les neuf communes wallonnes les plus peuplées recensent ainsi à elles seules un tiers de tous les accidents de cyclistes enregistrés par la police en Wallonie. C’est à Liège que le nombre d’accidents de vélo est le plus important.
Cette situation de nombre plus élevée d’accidents de cyclistes dans ces communes est liée au contexte de mobilité qui présente davantage de circulation et de mixité des usagers. Il ne s’agit donc pas de pointer en tant que telle la dangerosité de la pratique du vélo. Cependant, il ne faut pas non plus en conclure que le manque d’attention réservée aux cyclistes ou la préférence pour les espaces partagés entre vélos, voitures et piétons – comme vous le relevez – serait à l’origine d’un nombre plus important d’accidents de cyclistes. À titre d’exemple, des communes flamandes qui ont largement investi dans des aménagements cyclables sécurisés comptent davantage d’accidents impliquant des cyclistes que nos grandes villes wallonnes, parce que davantage de cyclistes s’y déplacent.
Cela étant dit, des aménagements cyclables sûrs contribuent bien évidemment à la sécurité des cyclistes. Pour vos questionnements à ce sujet, je ne peux que vous inciter à questionner mon collègue, le ministre de la Mobilité, qui est en charge des infrastructures et des équipements routiers, Philippe Henry, qui sera mieux à même de vous indiquer l’état d’avancement précis des projets du Gouvernement en la matière.
Au-delà des infrastructures, il s’agit aussi d’agir sur la sensibilisation aux comportements qui favorisent la sécurité des cyclistes. Le rappel des règles à l’ensemble des usagers de la route est essentiel pour assurer un partage de la route en sécurité entre les cyclistes et les autres usagers. Dans ce contexte, comme vous l’indiquez, l’AWSR réalise régulièrement des campagnes de sensibilisation concernant la sécurité des cyclistes, lors desquelles elle diffuse des messages de prévention destinés tant aux cyclistes qu’aux automobilistes.
En 2023, deux grandes campagnes de ce type ont d’ores et déjà été menées. Au printemps. Nous avons pu voir la campagne sur la distance à respecter lors d’un dépassement d’un cycliste sur les réseaux sociaux, mais aussi via des affiches apposées à l’arrière d’une centaine de bus TEC ainsi qu’au travers d’un spot radio diffusé par les principales chaînes francophones.
Actuellement, une campagne sur le partage de la route entre cyclistes et automobilistes est également menée dans plusieurs grandes villes de Wallonie au moyen d’un affichage urbain, et de manière mobile via des vélos publicitaires. Celle-ci vise à rappeler les bons comportements et les règles essentielles à respecter pour protéger les cyclistes.
Vous pointez aussi à juste titre la visibilité des cyclistes. J’y suis particulièrement sensible également. C’est pourquoi nous prévoyons une grande campagne spécifique sur cette thématique en automne, au moment où la luminosité s’affaiblit.
Monsieur Di Mattia, je pense avoir répondu à vos questions, car le reste de mon texte était dédié plutôt à la thématique du permis vélo.
M. Di Mattia – Madame la Ministre, merci pour vos réponses. Vous avez résumé la situation à l’entame de vos propos en indiquant qu’un tiers de l’ensemble des accidents en Wallonie concerne les neuf plus grandes villes wallonnes. Il y a spécifiquement un problème urbain.
Mon propos a peut-être mal été reçu, puisqu’il ne s’agit pas du tout de pointer des comportements, et cetera. Il visait, dans la mise en contexte, à simplement indiquer que les villes, et surtout les métropoles, ne se sont pas organisées pour le partage de la route. Maintenant, on est à la croisée des chemins et le nombre d’accidents est un signal d’alerte important. L’ensemble des mesures de prévention dont vous parlez sont à saluer. Mon groupe les salue et les appuie sans la moindre réserve.
Je salue également la grande campagne en automne pour la visibilité des cyclistes. Je pense que, là, vous touchez un point majeur.
Par rapport au fait que les neuf premières villes de 50 000 habitants concentrent un tiers de l’ensemble des accidents. C’est un fait interpellant.
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