M. Di Mattia – Monsieur le Ministre, NLMK La Louvière a enregistré des pertes considérables en 2022, entraînant d’importantes injections de capitaux de la part des NLMK Belgium Holding, NBH, la société faîtière. Ces pertes ont nécessité une attention particulière, mais n’auraient – j’emploie le conditionnel – pas entamé la trésorerie de l’actionnaire régional. Pour rappel, NLMK partage le capital de NBH avec la Région wallonne via le fonds d’investissement Wallonie Entreprendre. Les résultats des différentes filiales et sociétés du groupe sont étroitement liés, en raison de leur interdépendance commerciale. Cela souligne l’importance de l’examen attentif des résultats consolidés.
Une inconnue demeure quant à la situation postérieure à septembre 2024, lorsque, sur la base de la fin du moratoire accordé par la Commission européenne, les sanctions contre la Russie pourraient entraîner l’arrêt des importations de brames russes.
Cette transition pourrait avoir des répercussions significatives sur les activités de NLMK en Belgique, et nécessiter des ajustements majeurs dans les modes d’approvisionnement et les opérations.
J’ai trois questions importantes qui font le relais de certaines préoccupations locales et régionales.
Pouvez-vous nous informer sur la situation financière de NLMK ? Je lis qu’à l’ordre du jour du Gouvernement du 4 septembre dernier, il est question d’une contre-garantie régionale. J’aimerais vous entendre sur ce sujet. Pouvez-vous faire état des contacts entretenus entre le Gouvernement et la Commission européenne quant aux propositions concrètes face aux difficultés de NLMK, singulièrement concernant la diversification des sources d’approvisionnement de brames ?
Pouvez-vous apporter des précisions quant au rôle joué par la Commission pour garantir la disponibilité du volume de brames auprès des producteurs intégrés européens ?
Enfin, quels sont les leviers financiers pour concrétiser la transition et espérer garantir l’emploi et l’activité sur les sites wallons ? L’actionnariat wallon n’aurait pas été amené à combler le déficit annuel de NLMK, mais je vous entendrai sur ce sujet. Écartez-vous toute future intervention financière de la SOGEPA, de Wallonie Entreprendre, si une nouvelle recapitalisation s’avérait être nécessaire ?
M. Borsus – Monsieur le Député, les importations depuis la Russie des brames d’acier, majoritairement utilisées par le groupe NBH, sont autorisées à concurrence d’un volume déterminé jusqu’au 30 septembre 2024.
Si la situation demeure inchangée, il sera interdit d’importer ces brames russes au sein de l’Union européenne à partir du 1er octobre 2024, mettant fin à la chaîne d’approvisionnement traditionnelle du groupe NBH et lui imposant de disposer des sources de brames alternatives.
Depuis plus d’un an, le groupe NBH s’emploie à rechercher ces sources alternatives de brames afin de ne pas mettre à l’arrêt ses activités au-delà du 1 er octobre 2024. Des discussions ont eu lieu de façon soutenue avec les producteurs européens d’acier intégré, les écueils principaux rencontrés aujourd’hui étant le prix élevé, dans certains cas similaire ou supérieur au prix des produits finis, et/ou l’absence de volumes suffisants pour alimenter le groupe NBH. Des discussions ont été menées avec les producteurs en Asie en vue de nouer des partenariats d’approvisionnement sur long terme. Au-delà, des contacts réguliers sont entretenus avec la Commission européenne en vue de discuter des efforts fournis par les équipes de NBH pour trouver les sources de brames alternatives et des difficultés rencontrées dans ce contexte. Je réponds en cela à votre question concernant l’approvisionnement.
Bien que les résultats de NLMK La Louvière aient appelé une injection de capitaux de son actionnaire NLMK, le groupe NBH a enregistré, dans son ensemble et sur une base consolidée, des résultats positifs en 2022. Le bénéfice net enregistré pour cette période est de 85 millions d’euros. Cela, malgré le contexte très difficile que nous connaissons et l’incertitude qui a dominé le marché de l’acier en 2022, eu égard précisément à ce contexte géopolitique. À cela s’ajoute le fait que NLMK a toujours honoré l’ensemble de ses engagements vis-à-vis du groupe NBH, en ce compris la dernière intervention financière lorsque celle-ci s’est avérée nécessaire. Sur cette base, le groupe NBH garde la confiance de l’ensemble de ses actionnaires.
Vous avez, par ailleurs, évoqué une restructuration de la garantie régionale, qui s’inscrit dans ce contexte et qui a été décidée récemment par le Gouvernement wallon.
M. Di Mattia – Je voudrais remercier M. le Ministre pour toute la partie européenne. Évidemment, l’inconnue qui pointe à l’horizon du 1ᵉʳ octobre 2024 inquiète, mais elle inquiète de manière limitée, puisque nous savons aussi que tous les efforts sont déployés pour diversifier les sources d’approvisionnement. Ces efforts ne sont pas ménagés, tant au niveau de la direction de NLMK La Louvière qu’au niveau des interlocuteurs européens et wallons. Cela, c’est pour la situation à l’horizon 2024.
Au niveau des résultats, vous précisez le résultat consolidé qui est connu et qui est effectivement de 85 millions, qui fait que, quelque part, il doit y avoir un certain nombre de garanties à donner. Vous êtes beaucoup plus elliptique sur la contre-garantie que vous venez de décider au niveau du Gouvernement wallon. Évidemment, vous avez toute notre confiance.
J’imagine que si celle-ci a dû être revue, il y a certainement des considérations techniques, mais aussi des considérations d’ordre financier sur du moyen, voire du long terme.
En tout cas, je vous remercie pour la globalité de votre réponse.
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