top of page

LA RÉPONSE WALLONNE À LA PÉNURIE DE SEMI-CONDUCTEURS

M. Di Mattia – Monsieur le Ministre, si les événements internationaux de ces dernières années ont rappelé avec acuité la nécessaire autonomie et la maîtrise technologique à l’échelle européenne, il est assez vite devenu essentiel de réorienter les priorités de producteurs d’éléments essentiels comme les semiconducteurs.


Ces dernières semaines, nous apprenions que l’Allemagne accueillera prochainement une nouvelle usine de production de semi-conducteurs, TSMC, qui produira principalement des puces électroniques pour l’industrie automobile. Le choix de Dresde en Saxe, au cœur de la Silicon Saxony, est stratégique en raison des investissements précédents dans la technologie. L’usine représente un investissement de 10 milliards d’euros, créant 2 000 emplois directs et bénéficiant également de subventions européennes dans le cadre d’un accord précisément pour renforcer l’indépendance européenne en matière de semi-conducteurs.


En 2022, Wallonie Entreprendre a quant à elle investi 5 millions d’euros dans le fonds IMEC.Xpand II, aux côtés de Noshaq et de Sambrinvest, pour atteindre un montant total investi de 10 millions d’euros. Ce fonds vise à soutenir les meilleures start-up technologiques de l’IMEC.


Sur base de cet investissement majeur, quelles mesures le Gouvernement a-t-il engagées pour renforcer l’industrie et l’emploi, et pour singulièrement répondre à la pénurie de semi-conducteurs, nécessaires afin de renforcer l’indépendance européenne ?


M. Borsus – Monsieur le Député, la Commission européenne faisait part aux États membres, en février 2022, de son ambition de soutenir la filière microélectronique à travers un plan d’investissement public financé largement par les États membres à hauteur de 42 milliards d’euros.


Ce plan doit permettre à l’Europe de s’inscrire dans la chaîne de valeur de production mondiale de semiconducteurs, la rendant ainsi moins dépendante ou en tout cas moins vulnérable au reste du monde, en doublant d’ici 2030 sa capacité de production.


L’Allemagne a pris la balle au bond, puisque le fabricant de semi-conducteurs taïwanais TSMC, comme vous l’avez relevé, a choisi d’installer sa première usine européenne à Dresde. L’investissement total et l’impact attendu sont colossaux puisqu’il est question de 10 milliards d’euros, mais avec une intervention de l’État allemand absolument spectaculaire en termes financiers, et par ailleurs de la création de près de 2 000 emplois ultraqualifiés.


La Belgique a choisi une voie spécifique en se basant notamment sur son institut de recherche IMEC, implanté à Leuven et considéré comme un acteur mondial de premier plan, par ailleurs essentiel par l’Union européenne dans la course à la compétitivité engagée. L’implantation d’une antenne en Wallonie, grâce notamment à l’activation de fonds via Wallonie Entreprendre est un pied à l’étrier non négligeable et une étape qui, j’en suis convaincu, permettra un certain nombre d’ouvertures.


En effet, d’une étude réalisée par Wallonie Entreprendre fin 2022 – qui à l’époque était encore la SOGEPA –, il ressort que la tendance technologique est celle de systèmes toujours plus miniaturisés et à basse consommation. Pour rester compétitifs face à ces évolutions technologiques, il est nécessaire de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, la conception de semi-conducteurs aux propriétés particulières, les logiciels de conception de composants, la chaîne de prototypage, la caractérisation, le packaging et la production des composants qui seront ensuite intégrés dans des produits finaux.


À son échelle, la Wallonie dispose de briques de base et plus encore pour développer ses compétences. L’UCLouvain est reconnue par exemple au niveau européen pour son expertise. Plusieurs centres de recherche agréés wallons œuvrent dans cette thématique précise, que ce soit Sirris, Materia Nova ou bien encore le CRM, le Centre de recherche métallurgique, sans oublier de l’ordre d’une quinzaine de PME qui développent des semi-conducteurs, des logiciels spécialisés ou encore le packaging de puces semiconductrices.


La réflexion que nous menons intègre également le Chips Act et l’analyse des éventuelles opportunités que ce programme d’envergure européen pourrait offrir à nos acteurs wallons en vue de renforcer leur positionnement et d’intégrer des consortia capables d’entrer dans la logique défendue par la Commission européenne, notamment dans le cadre du partenariat européen Chips JU.


Le déploiement de l’expertise wallonne à l’international n’est également pas à négliger. Je voudrais aussi souligner les relations récemment établies par l’incubateur wallon WSL dans le cadre d’une mission de l’AWEx avec l’un des principaux incubateurs universitaires de Taïwan dans le secteur de la microélectronique.


Vous avez compris que nous rassemblons actuellement, où nous menons une série d’initiatives, pour nous situer dans un segment particulier de l’ensemble de cette chaîne de valeur dont on souhaite redéployer la présence en Europe. Lorsque l’on indique cette usine, ces 10 milliards d’euros d’investissements, en Allemagne, ces 2 000 emplois créés, c’est une approche soutenue à coups d’interventions financières totalement hors de portée d’une région comme la nôtre. Par contre, la stratégie qui consiste à se situer dans certains des éléments de la chaîne de valeur est un élément très intéressant que nous soutenons.


M. Di Mattia – Je voudrais vivement remercier M. le Ministre pour avoir aussi bien expliqué la stratégie. Cela semble de bon sens. On n’a pas les moyens. Je ne l’ai pas mentionné moi-même, mais j’avais le chiffre de l’investissement de l’État allemand, qui n’a pas choisi Dresde par hasard et qui a une stratégie qui se veut incontournable à l’échelle européenne.


Pour d’autres pays, singulièrement de taille mineure comme le nôtre, se situer dans une chaîne de valeur qui peut être incontournable et précieuse pour créer un certain nombre de synergies à l’échelle européenne, c’est particulièrement important.


À titre personnel, en tant qu’Européen convaincu, j’appelle aussi, à ma modeste échelle, à faire en sorte que la prochaine Commission européenne – celle qui adviendra après 2024 – reprenne la balle au bond, pour continuer les investissements dans le cadre de cofinancement des États qui prennent pleinement leur part dans cette stratégie essentielle. Encore une fois, merci pour vos efforts.


Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page