M. Di Mattia – Monsieur le Ministre, la formation en alternance est un des fers de lance de la Wallonie en matière d'accès au monde du travail. En 2021, près de 18 000 personnes se sont inscrites dans un dispositif d'alternance, ce qui correspond à une augmentation de 3,3 % du nombre total d'inscrits par rapport à l'année 2020.
Plus spécifiquement au niveau de l'IFAPME, parmi les 4 filières se distingue, notamment, la formation d'adultes pour laquelle la moyenne d'âge est d'environ 29 ans. Compte tenu de cette moyenne d'âge, la question de l'obtention d'une dispense par le FOREm pour suivre un tel cursus ainsi que la non-dégressivité de l'allocation de chômage sont des enjeux majeurs.
De manière théorique, plusieurs conditions sont nécessaires à l'obtention de ladite dispense, mais dans la pratique, des freins subsistent.
Il nous revient par exemple qu'un apprenant se voit pénalisé en cas de non-réalisation d'une année complète avec le même employeur. Si l'intéressé souhaite parfaire sa formation en fonction de certaines facettes techniques spécifiques au métier, il ou elle se trouve alors confronté à la non-reconduction de la dispense, ce qui pourrait bloquer la poursuite de la formation et pénaliser les possibilités d'accès au marché de l'emploi de la filière formatrice.
Envisagez-vous des mesures pour permettre à ces candidats ou candidates de poursuivre leurs formations en bénéficiant d'une reconduction de leurs dispenses ?
Envisagez-vous des concertations à propos des conditions de reconduction de ce type de dispense ?
De manière plus générale, quelles sont les mesures que vous comptez privilégier pour lutter contre l'abandon des formations, particulièrement en cours de première année ?
M. Borsus – Monsieur le Député, en effet, dans le cadre de la réforme de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, qui a débouché sur l'adoption et la mise en œuvre par le FOREm d'une nouvelle politique d'accompagnement adapté orienté coaching, la gestion des dispenses de disponibilité a été simplifiée.
Selon ce nouveau système de dispense, le FOREm évalue la pertinence du projet de formation, d'études ou de stage du chercheur d'emploi qui sollicite, dans le cadre de son accompagnement, une dispense de disponibilité sur le marché du travail.
L'évaluation de la pertinence du projet de formation, d'études ou de stage est réalisée en prenant en considération plusieurs critères d’analyse repris dans l’arrêté d’exécution du décret du 12 novembre 2021 relatif à cet accompagnement.
Le critère essentiel d’examen des opportunités d’insertion durable sur le marché du travail liées au projet de reprise d’études, de formation ou de stage, est considéré comme d’office acquis lorsqu’il s’agit d’une formation en alternance. C’est à la suite de cet arrêté d’exécution du décret du 12 novembre 2021.
La disponibilité du demandeur d’emploi, y compris de sa dispense, continue d’être suivie par le conseiller FOREm qui l’accompagne. Si des problèmes subsistent dans la mise en route de ce nouveau système de dispense ou dans la gestion des cas anciens encore soumis aux dispositions antérieures, j’en prends bonne note et je suis prêt à en discuter avec ma collègue, la ministre de l’Emploi Christie Morreale, compétente sur cet autre volet.
Concernant les abandons en cours de formation, le nouveau contrat de gestion 2023-2028 de l’IFAPME en fait une de ses grandes priorités. Le premier objectif vise à renforcer l’orientation professionnelle positive des jeunes : que l’on ait vraiment pu, avant de s’engager, acquérir toutes les informations et évaluer pour que l’orientation professionnelle choisie soit positive et adéquate. Cet objectif a pour but d’en faire une filière de choix elle aussi mûrie, positive et réfléchie.
Dans ce cadre, la promotion de l’alternance et les partenariats avec les acteurs de l’orientation ont été renforcés. L’objectif est également d’harmoniser et de systématiser l’accompagnement à l’orientation professionnelle, et de le faire en amont et au maximum dans les trois mois après l’inscription. Ces actions sont déjà en cours, soutenues par des financements du Plan de relance de la Wallonie.
Plusieurs centres de formation du réseau de l’IFAPME organisent durant ce premier quadrimestre une journée de découverte des métiers et des formations en partenariat avec les écoles. Cette action appelée « Défi des talents » rencontre un grand succès ; nous étions à Liège avec Mme Morreale il y a quelques jours pour y assister. Les classes-ateliers sont ouvertes et les élèves du premier degré peuvent ainsi découvrir les métiers de manière concrète et ludique.
L’IFAPME a également prévu la mise en œuvre d’un programme « Accroche-toi » afin d’encadrer les apprenants durant les trois premiers mois et de les aider à trouver une entreprise, deux éléments clés de l’accrochage positif.
Le deuxième objectif du nouveau contrat de gestion vise à augmenter le taux d’accrochage afin de renforcer le nombre de personnes allant jusqu’au bout de leur formation et décrochant la certification prévue. Les causes de décrochage sont multiples. L’atteinte de cet objectif s’appuie sur un travail simultané sur plusieurs dimensions complémentaires. En soutien à cet objectif, il est notamment prévu :
D’intégrer les pédagogies innovantes pour motiver les apprentissages et favoriser l’équilibre entre sa vie privée et son parcours de formation ou sa vie professionnelle.
D’étendre l’offre de formation en alternance à de nouveaux métiers d’avenir.
De renforcer l’accompagnement individualisé et le trio référent/centre/entreprise, de manière à avoir une collaboration entre les équipes d’encadrement des services d’alternance, des centres de formation et de l’entreprise qui soit plus effective et plus porteuse au bénéfice de la personne en formation.
Les moyens additionnels accordés à l’IFAPME s’inscrivent dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie.
Voilà les éléments à la fois concernant les dispenses et le renforcement de l’accrochage et de l’orientation que nous avons organisés. N'hésitez pas, si des situations spécifiques vous sont connues, à M. le Président.
M. Di Mattia – Je remercie M. le Ministre pour ces éléments de réponse. Concernant la dispense, je ne manquerai pas de faire le relais des situations où, entre la théorie et la pratique, il existe un hiatus. Cette situation semble aussi être relevée par le centre de formation.
Concernant l'accrochage et l'orientation, je voudrais souligner l'extension à de nouveaux métiers porteurs. Si l'on fait une analyse transversale sur les filières les plus empruntées en matière d'alternance par le biais de l'IFAPME, vous pouvez les résumer à quatre pour la moitié des filières et à huit pour les trois-quarts des filières. Cela appauvrit l'étendue de choix. La qualité d'un choix vient de l'opportunité des alternatives.
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