M. Di Mattia - Duferco Wallonie et Lineas souhaitent unir leurs forces pour proposer un transport ferroviaire rapide et écologique depuis Garocentre vers le port d'Anvers. Chaque train pourrait transporter l'équivalent de 375 camions. L'intention n'est pas de remplacer le transport routier ou fluvial, mais de le compléter en offrant une alternative ferroviaire pour les trajets longue distance, tout en contribuant à la réduction des émissions de carbone liées au transport de marchandises. Cette solution pourrait se révéler particulièrement bénéfique pour les entreprises industrielles de la région, en particulier celles opérant dans le secteur pétrochimique. La Région wallonne joue un rôle clé en soutenant cette initiative et en renforçant les investissements. Elle propose des incitations financières pour les entreprises investissant dans le transport ferroviaire, développe des plateformes multimodales, et s'engage dans des collaborations visant à promouvoir le fret ferroviaire. Quelle évaluation Monsieur le Ministre fait-il de ces mesures de soutien au secteur ? Quelle actualisation des objectifs en matière d'accroissement du transport ferroviaire de marchandises ? Quel regard le Gouvernement wallon porte-t-il sur l'innovation mise en avant par Garocentre ? Comment Monsieur le Ministre compte-t-il encourager ce type d'initiatives pour désengorger le transport routier et acheminer le fret avec une empreinte écologique moindre ?
M. Henry - Les mesures que l’honorable membre évoque dans sa question (développement des plateformes multimodales, incitants financiers pour les entreprises qui investissent dans le développement du transport ferroviaire ou fluvial et promotion du fret fluvial et ferroviaire) portent leurs fruits. Aujourd’hui, la Wallonie dispose de 7 terminaux intermodaux opérationnels. Ils sont tous reliés au rail, et 5 d’entre eux sont également trimodaux avec une connexion fluviale. En 2022, ils ont permis le transport de quelque 280 000 EVP (conteneur équivalent vingt pieds). La Wallonie soutient directement, depuis 1996, pour le fluvial et 2008 pour le ferroviaire, les entreprises wallonnes qui souhaitent investir dans le développement du fret ferroviaire et fluvial. Et ce, en subsidiant à une hauteur pouvant atteindre 30 %, les achats d’équipements neufs et les aménagements d’infrastructure nécessaires au transbordement de marchandises. Afin de pouvoir évaluer ce soutien, il semble important de communiquer quelques chiffres du bilan global de la mesure d’aide aux entreprises. En ce qui concerne le volet fluvial, pour la période 1996-2022, il faut savoir que 96 dossiers d’aide financière ont été introduits auprès du SPW. Cela représente 49 118 799 euros d’investissement de la part des entreprises et 11.802.042 euros d’aides allouées par la Wallonie. Grâce à ces 96 investissements, 4,8 millions de tonnes de marchandises ont pu être chargées ou déchargées en plus sur le réseau fluvial wallon par les entreprises au cours de l’année 2022 (soit l’équivalent de 200 000 camions). En ce qui concerne le volet ferroviaire, pour la période 2008-2022, il y a eu 9 dossiers d’aide financière introduits auprès du SPW. Cela représente 7 825 665 euros d’investissements de la part des entreprises et 2 179 728 euros d’aides allouées par la Wallonie. Grâce à ces 9 investissements, 725 000 tonnes de marchandises ont pu être chargées ou déchargées en plus, sur le réseau ferré wallon par les entreprises au cours de l’année 2022 (soit l’équivalent de 30 000 camions). Ces incitants fonctionnent et apportent des résultats concrets pour les entreprises, les pouvoirs publics et les citoyens. Bien que la matière soit fédérale, la Région s’inscrit pleinement dans la stratégie du gouvernement fédéral de doubler la part de marchandises transportées sur le rail d’ici 2030. La Région a d’ailleurs inscrit des orientations relatives au fret ferroviaire dans sa stratégie régionale de mobilité consacrée au déplacement des marchandises sur son territoire. Par ailleurs, la Région wallonne favorise également une politique d’ouverture et de collaboration pour atteindre l’objectif de doublement du fret ferroviaire. À titre d’exemple, elle anime ou participe à divers groupes de travail relatifs au développement des terminaux intermodaux, à l’identification et meilleure exploitation des terrains multimodaux, au comité des utilisateurs du fret ferroviaire, aux échanges d’informations avec Infrabel... Notons qu’auparavant, des liaisons ferroviaires existaient déjà entre Garocentre et Anvers, à raison d’un chargement de 30 conteneurs EVP par jour. Aujourd’hui, Duferco Wallonie et Lineas ont souhaité adapter l’offre ferroviaire aux conditions du marché. Un des objectifs étant de pouvoir livrer plus rapidement les marchandises aux clients et de renforcer la complémentarité du fluvial et du ferroviaire sur le terminal de La Louvière. Aujourd’hui, il est question de débuter la liaison avec une rotation de 15 wagons par semaine (soit 45 EVP/train). À terme, il s’agirait de pouvoir augmenter la fréquence de la connexion à raison de 2 à 3 trains par semaine, avec une rotation de 25 wagons (75 EVP/train), et ce en fonction de la demande du marché local. Cette nouvelle offre ferroviaire est prometteuse en termes de nouvelles opportunités commerciales pour la Région. Cela permettra de désengorger les routes et réduira également de manière significative l’empreinte carbone par tonne de marchandises transportées. Par ailleurs, il est également important de souligner que la Région investit directement ou par le biais d’acteurs publics dans des infrastructures collectives relatives au fret ferroviaire tels que les raccordements de terminaux. La Wallonie poursuivra sa politique de soutien des entreprises qui investissent dans le développement du transport fluvial et ferroviaire. Enfin, il est également important de souligner que la Région écoute, conseille, accompagne tant les entreprises que les organismes publics dans différents projets relatifs au transport fluvial et ferroviaire : sensibilisation, partage d’information, information sur les financements européens.
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