M. Di Mattia – Monsieur le Ministre, en février 2019, le Parlement de la Fédération WallonieBruxelles avait voté deux décrets relatifs à la réforme des milieux d’accueil et de la petite enfance. Le système tel qu’il existait comportait certaines faiblesses. Le personnel doit désormais détenir a minima une formation professionnalisante, ainsi que le niveau CESS.
La réforme a provoqué certaines inquiétudes, notamment liées à la suppression de nombreux postes d’accueillantes et d’auxiliaires de l’enfance qui ne détenaient pas le CESS, mais aussi des problèmes du côté des recrutements, puisque nombre de profils ne conviennent plus ou sont en inadéquation.
Notons également la suppression de la formation de deux ans de direction de maison d’enfants dispensée par l’IFAPME, étant donné l’obligation désormais de disposer d’un baccalauréat en psychologie, en sciences sociales ou en soins infirmiers pour exercer ce poste.
Quelles mesures votre Gouvernement entend-il mettre en œuvre pour diminuer l’impact sur les suppressions d’emplois dans le secteur de la petite enfance ?
En collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, quels sont les plans ou programmes de formation spécifiques développés pour aider les professionnels à acquérir les qualifications requises, notamment le CESS, afin de répondre aux nouvelles normes ?
Enfin, quelles garanties le Gouvernement peut-il donner en matière d’équilibre entre le recrutement de profils adaptés répondant aux nouvelles exigences et l’assurance d’une main-d’œuvre suffisamment qualifiée dans les milieux d’accueil de la petite enfance ? Envisagez-vous des mesures pour pallier la suppression de la formation de deux ans de direction de maison d’enfants et ainsi assurer la disponibilité de professionnels pour ce poste crucial ?
M. Borsus – Monsieur le Député, la réforme du secteur de l’accueil de la petite enfance, mise en place lors de la législature précédente par la Fédération Wallonie-Bruxelles, a entraîné des répercussions importantes sur l’offre de places d’accueil en Wallonie notamment, et sur la structure des emplois du secteur.
Encore récemment, j’ai été à l’initiative d’une réunion de travail entre les responsables de l’ONE, d’une part, et de l’IFAPME, d’autre part, portant sur la formation des professionnels et professionnelles du secteur et des futurs travailleurs et travailleuses. L’accent a été mis sur la nécessité de prévoir des mesures transitoires pour les professionnels en place par le biais de formations continues, ou encore de mécanismes de validation des compétences. Pour la formation du personnel d’accueil, il a été suggéré de prévoir un parcours de formation qualifiante plus flexible, par étapes, favorisant aussi les reconversions professionnelles vers ce secteur. Le secteur de la petite enfance regroupe plusieurs réalités différentes et dans des contextes divers. Il couvre aussi des âges, des publics très différents en ce qui concerne le développement de l’enfant, du plus jeune âge jusqu’à 12 ans.
Pour répondre à l’inquiétude des parents, mais aussi des indépendants du secteur, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles vient d’adopter des dispositions spécifiques. Les directeurs de crèche installés avant 2020 n’auront plus l’obligation de passer sous statut de personne morale d’ici à 2025. Ils pourront continuer à travailler avec des personnes sous statut d’indépendant, moyennant le respect d’un certain nombre de balises et de conditions. De plus, cet accord prévoit l’ouverture de milieux d’accueil indépendants et de crèches d’entreprises. Ces dispositions, que je salue, apportent en tout cas un répit, peut-être un nouveau souffle, et libèrent l’initiative entrepreneuriale dans un secteur en forte tension. Dans ce cadre ajusté, il me paraît qu’une porte s’ouvre également à de nouveaux échanges avec l’ONE en vue d’adapter de l’offre de formation de l’IFAPME. C’est une demande que l’IFAPME a bien reçue, et sur laquelle notre institut travaille. Je vais évidemment continuer à être attentif à l’ensemble de cette problématique, mais aussi aux initiatives allant dans le sens de l’adaptation de notre offre de formation à l’IFAPME. Le but est effectivement que l’on puisse ne pas diminuer les possibilités d’accueil de la petite enfance, qui sont déjà sous forte tension par ailleurs, et que l’activité qu’elle exerce à travers ce statut d’indépendant ou d’une autre façon puisse être préservée et se déployer.
Voilà l’état des lieux tel qu’il m’est connu au moment où nous nous entretenons. C’est un sujet qui doit être suivi en continu, de très près et de façon plus globale en ce qui concerne les différents interlocuteurs impliqués, que ce soit la Fédération Wallonie-Bruxelles ou la Région.
M. Di Mattia – Merci, Monsieur le Ministre, pour la franchise de vos réponses. Ce sujet mérite d’être suivi de très près. Sur la base de ce que vous venez de dire en commission et qui sera certainement entendu par un certain nombre d’acteurs de ce secteur, le premier des suivis sera d’enregistrer leurs réactions. Comme vous, je souhaite que nous puissions, sur la base de ces dispositions transitoires, mais nécessaires, entamer un nouveau cycle d’échanges entre l’IFAPME et l’ONE. Je serai particulièrement attentif à ce dossier.
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