M. Di Mattia – Monsieur le Ministre, le 5 juin dernier, une péniche transportant du blé s’est retrouvée immobilisée dans le bac nº 1 du plan incliné de Ronquières après la rupture d’un des câbles qui soutenait la porte. Cette situation a entraîné l’interruption totale du trafic fluvial durant plusieurs jours.
Au moment de rédiger cette question, on ne pouvait pas deviner l’évolution de la situation. Néanmoins, il est alarmant de constater que l’un des câbles, étant visiblement rouillé, permettant de soulever la porte, se soit rompu au moment où la péniche s’apprêtait à franchir la porte après l’établissement du niveau d’eau. Voilà pour les constats.
Quelles ont été les mesures mises en place pour libérer la péniche de la situation d’emprisonnement et ainsi rétablir la circulation fluviale sur cet axe ?
De manière générale, quelles sont les procédures dans de tels cas de figure ?
Par ailleurs, un tel événement interroge sur la maintenance de l’infrastructure hydraulique. Quelles sont les initiatives prises pour éviter l’apparition de tels incidents et garantir la sécurité, la fluidité du travail fluvial ?
Quelles sont les procédures de maintenance spécifiques du plan incliné de Ronquières ?
Enfin, suite à cet incident, allez-vous réaliser un cadastre de l’état des infrastructures hydrauliques pouvant conduire à l’élaboration d’un plan de modernisation dans lequel des travaux de réhabilitation pourraient être priorisés ?
Je vous remercie par avance pour les réponses.
M. Henry – Messieurs les Députés, samedi 3 juin 2023 dans l’après-midi, un câble de suspension de l’ensemble des portes jumelées, la porte du bac et la porte du bief du plan incliné s’est rompu lors de la manœuvre de fermeture des portes après qu’un bateau, se dirigeant vers Bruxelles, venait d’entrer dans le bac n° 1.
Heureusement, le bateau n’a pas été touché et aucun blessé n’est à déplorer. Les seuls dégâts concernent l’ouvrage d’art hydraulique.
La rupture de ce câble semble être due effectivement à de la rouille.
La navigation ayant été interrompue et un bateau prisonnier dans le bac, la priorité a été donnée à la libération du bateau et à la remise en service de la navigation.
Depuis le jour de l’incident, le personnel de la Direction des Voies hydrauliques de Charleroi et des entreprises privées sont à pied d’œuvre en vue de libérer le plus rapidement possible le bateau présent dans le bac.
Une déchirure présente dans le bac suite à la chute de la poutre de choc, la poutre positionnée devant la porte pour la protéger des chocs éventuels de bateaux a été colmatée.
Le lendemain de l’accident, soit le dimanche 4 juin, les réflexions ont été menées avec l’entrepreneur adjudicataire du marché d’entretien des équipements et avec une société spécialisée en levage venue sur site pour voir les possibilités techniques en matière de moyens de manutention. Une telle opération n’a jamais été menée et les possibilités d’accès aux portes sont limitées.
Le lundi, une grue de 350 tonnes est arrivée sur site. Dans la soirée, la voiture des bateliers a pu ainsi être descendue permettant à ceux-ci de retrouver une certaine liberté.
Les journées de mardi et mercredi ont été consacrées au retrait des deux poutres de choc de plus de 12 tonnes chacune, l’une côté bief amont, l’autre côté bac.
Pour les portes, leur position en biais, l’ampleur des dégâts et l’étude de faisabilité pour les descendre imposent le déplacement d’une seconde grue de 350 à 400 tonnes.
Le dégagement des portes a débuté ce week-end.
La réglementation n’impose pas l’inspection régulière des câbles, car les portes ne sont pas considérées comme des engins de levage, au contraire des ascenseurs, par exemple.
Toutefois, le SPW fait appel à un organisme agréé pour avoir un regard extérieur sur les câbles. Le dernier rapport date de juin 2020.
En 2023, une nouvelle inspection a été planifiée. Elle a eu lieu le 26 mai pour le bac 2 et était inscrite au calendrier pour le 12 juillet prochain pour le bac 1, une fois que le bac 2 aurait été remis en service.
Le plan incliné de Ronquières a été mis en service le 1er avril 1968, il y a plus de 55 ans. Un programme de modernisation est en cours depuis 2016 afin de lui donner un nouveau souffle. Certains budgets ont pu être dégagés, notamment via le PIMPT du SPW et ensuite par un cofinancement européen.
Les travaux ne concernent pas uniquement les deux bacs proprement dits, mais l’ensemble de l’ouvrage. Ces travaux prennent cependant du temps. Ils sont étalés sur plusieurs années pour plusieurs raisons. D’abord un séquençage technique, certains travaux ne pouvant être réalisés que lorsque d’autres travaux sont achevés. Le séquençage tient compte notamment de la volonté de maintenir la navigation par au moins un des bacs en tout temps. Les travaux se font alternativement d’un côté puis sur l’autre. L’ampleur et la complexité des travaux nécessitent aussi des ressources humaines et budgétaires importantes, qui doivent être étalées dans le temps.
Actuellement, les travaux consistent en la rénovation du bac 2 en vue de fiabiliser son utilisation pendant l’arrêt du bac 1 programmé dès janvier 2024 pour le remplacement de ses chemins –, les rails – et mécanismes de roulement. Pour votre parfaite information, le plan incliné a une longueur de 1 450 mètres. Les travaux récemment effectués et en cours sur le bac 2 sont la remise en peinture de la structure métallique, le remplacement des câbles de traction, le remplacement des groupes d’amarrage, la rénovation des vannes de vidange, le remplacement des bois d’étanchéité des portes, le remplacement d’essieux et galets défectueux du bac et du contrepoids.
D’importants moyens sont mis sur la table pour renforcer la compétitivité du transport fluvial et ses infrastructures comparativement au transport par la voie routière.
À cet effet, 10 % du budget du PIMPT est consacré aux voies hydrauliques en Wallonie et des financements européens ont été obtenus.
Vu la situation centrale du plan incliné, cela a pour avantage d’avoir des itinéraires de déviation possibles via Tournai ou Namur.
L’impact de ce blocage sur le trafic est estimé à une demi-journée en empruntant ces itinéraires.
À ce stade, le coût des travaux n’est pas encore déterminé, car cela nécessite une inspection complète de la zone endommagée.
Le coût de l’intervention pour libérer le bateau est également inconnu.
Les prestations des plongeurs sont effectuées dans le cadre du marché de services de prestations de plongées de la Direction territoriale de Charleroi.
Le bac 2 devrait être remis en service d’ici quatre à cinq semaines, soit pour la mi-juillet, et assurera les translations jusqu’en 2026 où il passera le relais au bac 1. À ce moment-là, il sera de nouveau mis à l’arrêt pour permettre le remplacement de ses chemins et mécanismes de roulement.
Il va de soi que toutes les mesures de sécurité sont prises pour assurer le fonctionnement optimal de l’ouvrage et la sécurité des usagers.
M. Di Mattia – Merci, Monsieur le Ministre, pour ces explications détaillées et techniques pour la plupart, il ne pouvait pas en être autrement étant donné l’urgence. Justement, il y a urgence. Là, vous avez détaillé ce qui s’est passé depuis le 3 juin, l’ensemble du séquençage. Je tiens à vous en féliciter.
Tout un chacun peut s’associer par rapport aux mesures de réparation et aux mesures de remise en situation, tant que faire se peut, de l’ouvrage.
À côté de cela, vous avez quand même indiqué que le câblage et la partie technique qui entourent le câblage ne font pas partie des priorités d’entretien. Une inspection a eu lieu en 2020 et il en était prévu une autre.
Par rapport à cela, Monsieur le Ministre, si nous n’avons pas de conseils à vous donner, il s’agit d’un ouvrage particulier, il n’y a pas forcément de points de repère, mais il est important en tout cas de faire une inspection générale des éléments clés de l’ouvrage, puisque cet ouvrage de 55 ans est fragile, fragile dans sa conception et par son ingénierie tout à fait particulière. Cela nécessite peut être une attention toute particulière pour éviter que, à la faveur d’un autre accident futur, l’ouvrage lui-même soit endommagé de manière irrémédiable et porte atteinte à cette perspective d’envergure pour la région du Centre, d’autant plus qu’à l’aune de 2027-2028 avec la jonction du nord de la Seine, c’est un enjeu stratégique majeur.
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