M. Di Mattia – Madame la Ministre, j’ai récemment été interpellé par les représentants de la Fédération provinciale du tourisme qui rencontre de plus en plus de difficultés à recruter du personnel formé au pilotage de péniches touristiques. La raison principale évoquée pour justifier cette pénurie de personnel : un départ progressif à la retraite des pilotes actifs qui ne peut être compensé en l’absence de formation de ce type organisée à l’échelle du territoire wallon. C’est donc un véritable problème structurel et pas du tout conjoncturel. Les candidats apprenants devraient en outre se rendre en Flandre ou en France pour obtenir leur brevet de navigation de péniche touristique.
Par ailleurs, de nombreux opérateurs des voies d’eau fonctionnent aujourd’hui avec des flottes vieillissantes qui ne répondent plus aux nouvelles normes environnementales en vigueur.
Dès lors, Madame la Ministre, je voudrais vous adresser trois types de questions.
Premièrement, avez-vous déjà été sensibilisée aux difficultés de gestion de ressources humaines des pilotes de bateaux à caractère touristique ?
Confirmez-vous l’absence de formation disponible en Wallonie pour l’obtention d’un brevet permettant de naviguer avec des péniches touristiques ? Le cas échéant, pourquoi celle-ci a-t-elle été supprimée ?
Deuxièmement, la nouvelle liaison Seine-Escaut dont la concrétisation est attendue pour 2028 vous invite-t-elle à repenser la stratégie régionale relative au tourisme fluvial et fluvestre ?
Des contacts ont-ils déjà été établis avec des partenaires internationaux tels que CroisiEurope pour déterminer les opportunités touristiques offertes par la nouvelle infrastructure qui permettra aux péniches de plus grand gabarit de circuler plus aisément entre la France, la Belgique et les Pays-Bas ?
Troisièmement, nombre d’opérateurs de tourisme fluvial et fluvestre ne disposent pas de moyens suffisants pour acquérir de nouveaux bateaux électriques. Prévoyez-vous des mesures supplémentaires pour aider ces opérateurs à verdir leurs flottes touristiques ?
Mme De Bue – Monsieur le Député, je n’ai pas été sensibilisée aux difficultés de ressources humaines des pilotes de bateaux à caractère touristique. Par rapport à la formation, la délivrance du brevet pour la navigation de plaisance et pour les bateaux transportant jusqu’à 12 passagers relève du ministre fédéral de la Mobilité et du SPF Mobilité et Transports. La Wallonie compte 11 centres d’examens agréés.
Pour les bateaux transportant plus de 12 personnes, ce qui est le cas des péniches touristiques, la délivrance du certificat relève du ministre wallon de la Mobilité et du SPW Mobilité et Infrastructures.
Le Gouvernement wallon a adopté le 25 août 2022 un arrêté relatif à l’obtention et à la reconnaissance des qualifications dans le domaine de la navigation intérieure, en application d’une directive européenne.
À ce stade, le Guichet de la navigation indique qu’il travaille à l’adaptation des examens de qualifications professionnelles pour les rendre conformes à ces nouvelles exigences et qu’il ne reçoit, effectivement, aucune demande d’inscription aux examens.
Pour plus d’informations sur l’organisation des examens, je vous invite à interroger mon collègue Philippe Henry, en charge de la Mobilité, ou ma collègue Christie Morreale, la ministre de l’Emploi et de la Formation en charge de l’approbation des programmes de formation pour l’obtention des certificats.
Par rapport à la stratégie relative au tourisme fluvial et fluvestre, le Commissariat général au tourisme a établi un partenariat avec le SPW Mobilité et Infrastructures qui a débouché sur l’élaboration d’un Plan stratégique du tourisme fluvial pour la Wallonie.
Il se décline en 5 enjeux stratégiques ayant pour objectif « d’amener le tourisme fluvial wallon à devenir un secteur performant, muni d’infrastructures appropriées, permettant une utilisation optimale à tous ses usagers, tout en proposant une offre pertinente pour l’ensemble des activités touristiques et de loisirs qui se pratiquent sur et le long des rivières, fleuves, canaux et plans d’eau ».
La nouvelle liaison Seine-Escaut, même si elle a principalement un enjeu en matière de mobilité et de transport, pourra s’intégrer dans le développement du tourisme fluvial et fluvestre en Wallonie.
J’insiste donc sur le fait que je soutiens vivement le développement du tourisme fluvial, notamment dans le cadre du projet 184 du Plan de relance, car l’eau a toujours été un élément structurant dans le déploiement du tourisme.
Concernant les contacts avec des partenaires internationaux, une réunion a eu lieu entre le CGT, VisitWallonia et le SPW MI, en avril, pour évaluer l’opportunité du développement de croisières. VisitWallonia avait notamment pris des contacts avec CroisiEurope.
Concernant le verdissement de la flotte, celle-ci n’est pas éligible aux subventions octroyées par le Commissariat général au tourisme. Une prime pour le verdissement, le développement et la spécialisation de la flotte de navigation intérieure wallonne peut être sollicitée auprès du SPW MI dans le cadre du Plan wallon 2021-2025 d’aides aux modes de transport alternatifs à la route.
M. Di Mattia – Merci, Madame la Ministre, pour votre réponse très large qui appelle des commentaires différents.
Je vais me concentrer sur l’essentiel. Au niveau GRH, je sais pertinemment que cela ne relève pas directement de votre compétence, mais reconnaissez que par rapport à une stratégie – et notamment une stratégie liée à 2028 avec le raccordement Seine-Escaut –, il faut avoir le personnel et gérer le matériel nécessaire pour rencontrer cette stratégie, comme vous venez de l’indiquer, avec les cinq enjeux.
Au niveau des contacts internationaux, vous confirmez la pertinence de mon interrogation en la matière ; je me fais le porte-parole de ce que l’on peut me dire à d’autres échelles, notamment les contacts qui sont pris avec CroisiEurope. Vous n’en dites pas plus par rapport à cela. Dans les prochains mois ou prochaines semaines, cela vaudra la peine, à la lumière du nouveau code, de voir le type de stratégie qui peut être repris.
Vous marquez votre soutien à travers le projet 184. Je vous en remercie et en prends acte. Il faut pouvoir le lire à travers les éléments que je viens de mentionner précédemment.
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