M. Di Mattia – L’Union francophone des associations de parents de l’enseignement catholique (UFAPEC) s’est récemment exprimée sur le sentiment d’insécurité qui prévaut dans les toilettes des écoles et sur ses conséquences sur la santé des jeunes. Selon l’UFAPEC, de nombreux élèves francophones ne se sentiraient pas en sécurité lorsqu’ils doivent utiliser les toilettes, et ce, parce que certains de leurs camarades y manifesteraient un comportement perturbateur. Les installations seraient régulièrement vandalisées (portes endommagées, graffitis, robinets défectueux, sol mouillé). Des élèves utiliseraient les toilettes pour perpétrer des actes d’intimidation, de moquerie, voire de harcèlement.
L’UFAPEC considère que certaines exigences des écoles en termes d’utilisation des toilettes peuvent également être assimilées à une forme de violence. Par exemple, la distribution de tickets d’accès aux toilettes, l’obligation pour les élèves de demander du papier hygiénique ou l’interdiction de se rendre aux toilettes pendant les cours.
Les raisons du sentiment d’insécurité sont multiples. Citons le manque de surveillance de la part du personnel enseignant, qui est souvent débordé et n’a pas le temps de gérer les incivilités dans ce lieu d’intimité. Cette situation accroît la peur de certains élèves d’être importunés et facilite les dégradations des installations. Certains élèves vont jusqu’à se priver de boire afin d’éviter d’avoir à utiliser les toilettes, ce qui peut avoir des répercussions sur leur santé, telles que des douleurs abdominales, des infections urinaires et un mal-être général.
Madame la Ministre, vous êtes soucieuse du bien-être des élèves francophones à l’école et vous avez la volonté de leur offrir des infrastructures sanitaires de qualité. Les efforts sans précédent de votre gouvernement en témoignent. Quelles sont les ressources dont disposent les équipes éducatives pour améliorer la gestion des sanitaires? Des attendus prévus dans les référentiels sont-ils mobilisables pour promouvoir un comportement civique dans les toilettes scolaires?
Par ailleurs, au-delà de l’enveloppe globale de 25 millions d’euros débloquée à la suite de la crise sanitaire pour rénover les toilettes dans les écoles, le gouvernement envisage-t-il d’allouer des moyens supplémentaires pour les infrastructures sanitaires des écoles? Une réflexion sur la formation du personnel éducatif à la gestion des situations de violence et d’insécurité dans les toilettes est-elle à l’ordre du jour?
Mme Désir – Messieurs les Députés, je commencerai par dresser le bilan du démarrage de la nouvelle politique structurelle en matière de climat scolaire. L’appel à candidatures a été lancé le 14 avril. Les écoles et les opérateurs ont été invités à se porter candidats, respectivement au programme-cadre et à l’agrément. Cet appel à projets s’est clôturé le 31 mai. Le jury s’est réuni dans la foulée pour analyser les 33 dossiers de demande d’agrément des opérateurs et acter la réception des 119 dossiers d’écoles. Le gouvernement sera très prochainement amené à se prononcer sur la base de l’avis du jury. L’objectif est de permettre aux écoles qui ont manifesté leur souhait d’intégrer le programme de le faire dès la rentrée scolaire 2023-2024.
Cette nouvelle politique structurelle s’appuiera également sur l’Observatoire du climat scolaire, dont les ressources, expertises, outils et recommandations seront produits pour l’ensemble des écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Par ailleurs, toutes les écoles devront disposer d’une procédure de signalement au plus tard pour la rentrée 2024.
Je vous confirme que la dimension territoriale du harcèlement a bien été prise en compte dans les orientations globales visant à concevoir, sur le plan architectural et de l’aménagement, l’école du 21e siècle. Un axe entier est d’ailleurs consacré à l’enjeu du climat scolaire dans les lignes directrices guidant la modernisation des écoles.
Je n’ai pas été personnellement informée de situations particulières de violences dans les toilettes des écoles. Il convient toutefois de rappeler que la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient depuis plusieurs années l’appel à projets «Ne tournons pas autour du pot». Ce programme allie les enjeux du climat scolaire, de la promotion de la santé et de l’aménagement des sanitaires à l’école. Son approche est celle de la co-construction avec les élèves et les équipes pédagogiques. L’équipe porteuse de ce programme peut désormais être mobilisée par les écoles qui bénéficieront du plan d’investissement exceptionnel porté par mon collègue Frédéric Daerden.
Je rappellerai encore que les programmes de formation professionnelle continue, qui s’adressent tant aux équipes pédagogiques qu’éducatives, proposent une série de modules relatifs à la gestion des conflits et des violences à l’école. Elles sont complémentaires aux informations factuelles que les écoles peuvent encore trouver dans le Guide pratique relatif à la prévention et la gestion des violences en milieu scolaire. De même, le récent Guide pour l’élaboration du ROI est une autre source d’inspiration éventuelle pour mieux réglementer les conduites dans les sanitaires.
M. Di Mattia – Madame la Ministre, votre réponse manque d’une évaluation plus précise du projet «Ne tournons pas autour du pot».
Je n’ai moi-même pas reçu de plaintes particulières, hormis le fait que le problème du harcèlement soit géré à l’échelle d’un pouvoir organisateur. Néanmoins, l’article de l’UFAPEC est relativement précis quant à un certain nombre de problématiques.
Je tiens tout de même à saluer les investissements structurels et le projet catalyseur «Ne tournons pas autour du pot».
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