M. Di Mattia – Depuis son entrée en vigueur, le décret du 30 juin 2016 organisant l’enseignement supérieur en alternance encadre la pratique et entend proposer à l’étudiant, en plus du diplôme, une double opportunité de découverte du monde de l’entreprise et de développement de compétences sociales, techniques et professionnelles attendues sur le marché de l’emploi. En outre, ce décret permet notamment l’organisation de ce type d’enseignement formant à des métiers en pénurie, à de nouveaux métiers, mais aussi à des métiers orientés vers le développement durable ou la reprise économique.
Les demandes doivent être introduites par un établissement d’enseignement supérieur – université ou haute école – auprès de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES), qui juge, selon différents critères, de l’adéquation de l’habilitation. En juin dernier, l’enseignement supérieur en alternance en Fédération Wallonie-Bruxelles proposait onze masters et quatre bacheliers. Cinq nouvelles habilitations étaient alors mises en œuvre pour développer l’offre.
Dans son état des lieux pour un renforcement transversal de l’enseignement qualifiant et de l’alternance, l’ASBL Agir pour l’enseignement a souligné l’intérêt de développer davantage ce type de cursus pour valoriser l’alternance comme filière d’excellence, tout en assurant une meilleure fluidité des parcours. Votre prédécesseure a annoncé, pour la rentrée 2023-2024, la tenue de premières réunions du comité de pilotage institué par le décret de 2016.
Madame la Ministre, selon les résultats des premières réunions, quels seront les axes de travail développés par le comité de pilotage? Quels contacts entretenezvous avec vos homologues des autres Régions ou Communautés chargés de l’alternance?
Quelles mesures entendez-vous prendre pour accroître la sensibilisation à l’enseignement supérieur en alternance auprès des acteurs académiques et des entreprises?
Si les demandes d’habilitation présentées à la fin de l’année scolaire 2022-2023 sont bien validées, combien d’élèves se sont-ils inscrits dans ce type d’enseignement pour cette année académique? Enfin, comment se positionnent les représentants des secteurs concernés?
Mme Bertieaux – Monsieur le Député, votre question me donne l’occasion de mettre en lumière l’enseignement supérieur en alternance, et je vous en remercie. Cette forme d’enseignement est aussi une voie d’excellence. J’ai la conviction que nous devons travailler à ce qu’elle ne soit plus considérée comme une filière de relégation. Ainsi, cette filière d’excellence demande de notre part de la précision, de la rigueur et surtout une collaboration entre les entreprises, y compris dans le secteur non marchand, et les établissements. Ce sont les partenariats entre l’enseignement supérieur, les secteurs professionnels et les entreprises qui permettent des évolutions performantes à cet égard.
L’offre s’est encore étoffée lors de cette rentrée. Dans le cadre du décret modifiant le décret du 7 novembre 2013 définissant le paysage de l’enseignement supérieur et l’organisation académique des études, adopté le 5 juillet dernier, trois nouvelles habilitations ont été accordées: un master en sciences de gestion en co-diplomation entre l’Université catholique de Louvain (UCLouvain) et l’Université de Namur (UNamur), un master en communication stratégique en co-diplomation entre l’UCLouvain et la Haute École Louvain en Hainaut (HELHa), et un master en sciences de l’ingénieur industriel, orientation géomètre, à la Haute École ICHEC-ECAM-ISFSC.
L’année académique venant de débuter et les inscriptions se poursuivant jusqu’au 30 septembre, il est prématuré d’analyser les chiffres d’inscription. De plus, les inscriptions à des cursus nouvellement organisés prennent parfois quelques années pour atteindre un véritable rythme de croisière. En outre, je souligne que, pour développer d’une manière pertinente ce type d’enseignement, il faut, encore plus qu’ailleurs, une collaboration du monde académique et de celui de l’entreprise. Le développement des offres suppose en effet une concertation étroite avec les secteurs, sous peine de conduire à un déséquilibre entre le nombre de places de stage et le nombre d’étudiants. Cette collaboration doit également permettre que l’expérience et la connaissance pratique des entreprises complètent les apprentissages théoriques assurés par les établissements d’enseignement supérieur, dans une perspective d’enrichissement mutuel, permettant aux étudiants concernés de développer, notamment, des capacités d’innovation. Voilà aussi la spécificité de l’enseignement en alternance, qui peut le rendre particulièrement intéressant pour les entreprises à la recherche de telles capacités.
Ce type d’enseignement suppose donc une collaboration dans l’élaboration d’une véritable pédagogie en partenariat. Tel est bien l’enjeu de la convention en alternance, qui engage les deux partenaires de cette collaboration au service de la formation. Les deux partenaires font partie ensemble du processus d’apprentissage et de formation. Ils interagissent à ce titre. Il ne s’agit pas uniquement de l’addition d’un établissement qui transmet les savoirs et d’une entreprise où ces savoirs sont appliqués.
Il faut également veiller à clarifier l’articulation entre la formation professionnelle et l’enseignement supérieur, dans une perception adéquate de leur proximité et de leurs différences. C’est une question plus large, mais qui se pose sans doute de manière particulière en ce qui concerne les formations en alternance. C’est à ce travail de clarification et de collaboration qu’il importe de contribuer pour le développement de l’alternance comme filière d’excellence.
M. Di Mattia – Je comprends qu’il est prématuré de tirer des conclusions basées sur les chiffres. Il faudra y revenir. Madame la Ministre, vous avez rappelé la voie de l’excellence et l’importance de ce type d’enseignement, ainsi que la nécessité de synergies et de collaborations structurelles avec le monde de l’entreprise pour dégager les filières les plus opportunes. En outre, les synergies et les adéquations doivent être régulières pour que la structure de cet enseignement reste dynamique, et non figée.
Vous n’avez pas répondu à ma question sur les réunions du comité de pilotage. Peut-être ces dernières n’ont-elles pas encore eu lieu. Je ne manquerai pas de vous interroger ultérieurement, car ce sont bien les comités de pilotage qui établissent les stratégies à développer pour atteindre les objectifs que nous partageons tous.
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