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ENQUÊTE “NOIR JAUNE BLUES” SUR LA DÉMOCRATIE ET LA GOUVERNANCE

M. Di Mattia – Une société toujours plus fragmentée, une défiance accrue vis-à-vis des institutions démocratiques et une attirance toujours plus forte envers des régimes autoritaires: tels sont les constats dressés par la dernère enquête «Noir jaune blues» commanditée par la RTBF et publiée par le journal «Le Soir». Des trois coups de sonde qui ont été menés dans le cadre de cette enquête, avant et pendant la pandémie ainsi qu’en juillet 2022, soit après le début de la guerre en Ukraine, il ressort que 52 % des personnes sondées aspirent à ce que la société soit restructurée à partir de critères ethniques. Paradoxalement, un cinquième des personnes sondées se disent favorables à une société plus ouverte.


Dans sa Déclaration de politique communautaire (DPC), le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est engagé à lutter contre la crise démocratique, notamment en tentant de placer les citoyens et les citoyennes au cœur de certains processus de décision.


Monsieur le Ministre-Président, quel regard portez-vous sur cette enquête, sa- chant qu’elle fait l’objet de certaines réserves méthodologiques? Les constats dressés vont-ils vous conduire à revoir un certain nombre de dispositions relatives à la démocratie, à la citoyenneté et surtout à la bonne gouvernance? Quels seront les principaux chantiers finalisés dans ce domaine avant la fin de la législature? Enfin, entendez-vous prendre mesures de sensibilisation des citoyens désabusés, de quelque âge et de quelque condition qu’ils soient, de manière à les raccrocher à la vie publique, voire à la noblesse de la vie politique?


M. Jeholet – Je confirme que cette étude a été réalisée au mois de juillet dernier. Ses conclusions ne sont surprenantes ni pour les citoyens ni pour les responsables politiques. Nous sommes conscients de l’existence, pour diverses raisons, d’un éloignement entre le monde politique et les citoyens. Toutefois, je ne partage pas le négativisme ambiant à ce sujet. Je sens toujours, y compris auprès des jeunes, une volonté de s’engager dans des formations politiques ou des débats démocratiques.


Il ne m’appartient pas, en tant que ministre-président, de juger la qualité de cette étude et la façon dont elle a été réalisée. Je laisse ce soin aux spécialistes. Cela dit, j’ai commandé un rapport au Centre d’études Démocratie de l’Université de Liège (ULiège) et un autre à l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux- arts de Belgique sur l’extrémisme et l’influence des réseaux sociaux sur les jeunes. J’attends leurs conclusions.


Le décret du 13 mars 2009 relatif à la transmission de la mémoire des crimes de génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et des faits de résis- tance ou des mouvements ayant résisté aux régimes qui ont suscité ces crimes permet de sensibiliser les écoles et les associations aux dangers des extrémismes pour la démocratie. Nous comptons poursuivre ce travail, notamment grâce aux divers appels à projets que nous avons lancés. Nous travaillons également sur un avant-projet de décret relatif à la gouvernance qui a été approuvé en première lecture par le gouvernement et a été transmis au Conseil d’État. Il sera bientôt à nouveau examiné par le gouvernement.


M. Di Mattia – Monsieur le Ministre-Président, nous serons évidemment très attentifs à l’étude qui a été commandée. Dans le cadre de l’action gouvernementale, les mesures qui seront prises au sujet de la gouvernance seront précieuses pour donner des signaux forts. Il convient, d’une part, de lutter contre les extrémismes, qu’ils soient d’ordre politique ou autre, et, d’autre part, de veiller aux liens entre les institutions et les citoyens. On ne peut pas ne pas remarquer que ces derniers s’éloignent de plus en plus des institutions. Il s’agit sans doute d’une priorité qui nous occupera à moyen et long termes.


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