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CHIFFRES CLÉS DU SECTEUR DE L’ÉDITION EN BELGIQUE

M. Di Mattia – Comme chaque année, l’Association des éditeurs belges (ADEB) a communiqué son analyse des chiffres clés du secteur de l’édition en Belgique. Le marché du livre est en baisse de 3,8 % et représente 265 millions d’euros. Ce résultat aurait pu être revu à la baisse sans la quantité de ventes directes, notamment des livres scolaires et juridiques.


Le marché du livre est composé à 44 % de littérature générale et de bande dessinée, dont les ventes sont respectivement en hausse de 3 % et en baisse de 3 %. L’ADEB constate que seuls trois genres terminent l’année en positif: le tourisme, les cartes et la littérature générale.


En termes de production éditoriale, le livre numérique est en hausse et représente 24 % de l’activité totale, et ce, grâce aux sciences humaines, principalement juridiques, ainsi qu’à l’édition scolaire en néerlandais.


Au sein de son contrat-cadre pour la filière du livre, la Fédération Wallonie-Bruxelles a prévu différentes opérations liées à la promotion de la lecture à l’école, mais a aussi élaboré des listes d’ouvrages sélectionnés pour promouvoir les écrivains belges francophones et favoriser le développement du secteur de l’édition belge francophone face à la quantité d’ouvrages édités annuellement.


Madame la Ministre, comment interprétez-vous les statistiques communiquées par l’ADEB? Selon vous, quels facteurs structurels et conjoncturels pourraient expliquer le recul de certains pans de l’édition belge francophone? Le repli de l’exportation de la bande dessinée est-il un indicateur de la nécessité de réévaluer les pratiques développées afin de maximiser la diffusion internationale de nos publications? Enfin, comment expliquez-vous que les ventes de l’édition numérique scolaire en néerlandais soient 18 fois plus importantes en Flandre qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles?


Mme Linard – Monsieur le Député, les statistiques communiquées par l’ADEB concernent, d’une part, le marché du livre en Belgique francophone et, d’autre part, la production de nos éditeurs.


En 2022, il est vrai que le marché a reculé de 3,8 % par rapport à 2021. Cependant, 2021 était une année tout à fait exceptionnelle. À la suite de la réouverture des librairies, le marché du livre avait connu une vague d’enthousiasme qui s’était traduite par des résultats inédits. Les ventes avaient ainsi augmenté de 14,2 % par rapport à 2020.


En réalité, les chiffres du marché du livre témoignent d’une bonne santé générale. Les chiffres de 2022 sont bien meilleurs que ceux de 2020, puisque les ventes ont augmenté de 10 %, et s’approchent, malgré une légère baisse de 2 %, de ceux de 2019, qui étaient eux-mêmes à peine inférieurs (-1 %) à ceux de 2018 et de 2017 (-0,2 %).


Les chiffres de la production montrent que l’activité éditoriale totale (papier, numérique et cession de droits) en Fédération Wallonie-Bruxelles n’a que très légèrement baissé (-0,6 %) en 2022 et reste loin devant les chiffres de 2018, qui marquaient une progression de 16,8 %.


Les professionnels de l’édition en Fédération Wallonie-Bruxelles restent optimistes. Certains genres éditoriaux sont en recul, comme la littérature jeunesse (-6,3 %) ou les livres parascolaires et les livres liés à la vie pratique, à la cuisine, au bien-être et au développement personnel (-8,5 %). D’autres genres éditoriaux connaissent une hausse des ventes, en particulier le tourisme (+36,3 %), les cartes et atlas (+35,7 %) et la littérature générale (+3 %).


Ces déplacements reflètent les changements de comportement des consommateurs après la pandémie, à la suite de la fin du confinement et de la réouverture au monde.


Par ailleurs, le recul de la production s’avère strictement conforme au recul du marché en général, dans un contexte économique particulièrement difficile.


Le livre belge francophone s’exporte beaucoup, surtout pour les genres BD et jeunesse, dont au moins 86 % de la production quitte le pays. Dès lors, vu le poids de ces secteurs éditoriaux dans le paysage belge francophone, les tendances du marché du livre français, qui a accusé une diminution de 4,2 % en 2022 par rapport à 2021, se reflètent logiquement sur le marché du livre en Belgique. La Fédération Wallonie-Bruxelles assure régulièrement la promotion des maisons d’édition belges francophones et de leur production lors d’événements littéraires de grande ampleur, en Belgique comme à l’étranger. C’est notamment le cas à Bruxelles, Bologne, Genève, Francfort, Saint-Malo, Angoulême ou même Taipei. Le contrat pour la filière du livre prévoit d’ailleurs plusieurs mesures pour renforcer la diffusion et le rayonnement du secteur à l’international.


Concernant les différences en termes de ventes de l’édition numérique scolaire entre la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles, il faut savoir que l’édition numérique en Fédération Wallonie-Bruxelles représente 24 % du chiffre d’affaires global du secteur du livre. Toutefois, cette activité est presque intégralement limitée aux genres éditoriaux des sciences humaines, et plus particulièrement de l’édition juridique (92 %) et de l’édition scolaire (5 %). De manière générale, la production du livre scolaire en Flandre est plus développée que la production du manuel scolaire en Fédération Wallonie-Bruxelles (19,26 millions d’euros, contre 36,73 millions d’euros en 2022), ce qui se répercute en partie sur l’édition numérique proprement dite.


M. Di Mattia – Madame la Ministre, tous ces chiffres permettent de compléter ceux déjà en ma possession.


Trois points ressortent de votre propos.


Premièrement, il y a eu un ajustement du marché dans la période post-Covid. Il est important de poursuivre les discussions avec le secteur à ce sujet car des réorientations seront sûrement nécessaires.


Deuxièmement, la régression de la littérature jeunesse est un constat interpellant. Il y aurait peut-être des ajustements à faire en termes de promotion.


Troisièmement, le décalage entre la Flandre et la Fédération Wallonie-Bruxelles en termes de production d’ouvrages numériques scolaires est flagrant. En Fédération Wallonie-Bruxelles, cette production est dominée, comme vous l’avez dit, par les sciences humaines. Il est regrettable qu’il en soit ainsi car les ouvrages scolaires peuvent encourager les jeunes à la lecture, à la découverte et à la curiosité intellectuelle.


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